
Ce jour-là sous un ciel cruellement bleu, un vent patient, obstiné recouvrait la route d’un sable blond et fin.
Le car chinois de la société de transport toussotait sous une chaleur étouffante. Il n’irait pas plus loin.
Le désert en avait décidé ainsi, Boutilimit n’était plus qu’un mirage.
Le silence s’installa.
Le vent poursuivait son œuvre, étalant le sable comme des joueurs de dhamet préparant leur carré de jeu.
Les hommes sur l’asphalte amolli par quarante-cinq degrés, fourbus et éreintés, regardaient la route égarée sous l’amoncellement de sable.
Titubants sur la route, ils pelletaient le sable à mains nues, râlaient, pestaient contre la Chine, le vent, l’Office national des transports, et même le ciel trop bleu.
Entre deux poignées de sable jetées hors de l’asphalte, une mélodie les hypnotisa.
Une musique sortait du vieux poste radio oublié au fond du car.
Les piles presque usées s’étaient reconnectées par l’arrêt brusque de l’autobus.
Et la voie de Dimi s’élevait dans le ciel.
Elle ondulait dans l’air comme un souvenir oublié.
Le vent s’apaisa sous le charme de la diva. Le sable arrêta de tomber.
Les hommes se redressèrent.
Un instant plus tard, la musique cessa, les piles avaient définitivement rendu l’âme.
Le vent reprit, plus vif, comme s’il avait honte d’avoir été ému.
Et sur la route, les hommes ne creusaient plus. Ils écoutaient le silence.
Et dans leurs mains, les grains de sable brillait comme des perles d’eau.
« Et quelque chose rayonne en silence »
Elbane Hamady
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