Moyen-Orient – À Gaza, le Hamas se lance dans une chasse aux “traîtres”

Après le retrait partiel de l’armée israélienne, le mouvement islamiste palestinien, appelé à rendre les armes, a déployé des milliers d’hommes et lancé ses forces contre les milices et clans accusés de collaboration avec Israël. Le Hamas veut reprendre en main l’enclave palestinienne.

Courrier international  – Le 11 et 12 octobre, alors que la campagne militaire israélienne sur la bande de Gaza s’arrêtait, des affrontements armés ont opposé le Hamas à “une milice familiale” issue du clan Dagmach, “liée à l’occupation israélienne”, dans les quartiers de Sabra et de Tal Al-Hawa, situés dans la ville de Gaza, faisant “plusieurs morts et blessés”, selon le média gazaoui Felesteen.

Ces affrontements ont coûté la vie au fils d’un dirigeant du Hamas, rapporte le quotidien palestinien Al-Quds. Mais aussi à un fils d’un cadre des Brigades Al-Qassam, la branche armée du mouvement palestinien et à un journaliste gazaoui très suivi sur les réseaux sociaux, Saleh Jafarawi.

Il s’agissait des “confrontations internes les plus violentes depuis la fin des grandes opérations israéliennes dans l’enclave” palestinienne, souligne la BBC.

Un incident qui s’inscrit dans un contexte plus large. Quelques heures après le cessez-le-feu ayant mis un terme à la guerre, le Hamas s’est “rapidement déployé sur l’ensemble de la bande de Gaza pour réaffirmer son contrôle” sur l’enclave “et régler ses comptes”, installant des points de contrôle et s’en prenant aux individus, clans et milices qu’il soupçonne d’avoir collaboré avec Israël, écrit le Financial Times.

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“Nettoyer Gaza des hors-la-loi et des collaborateurs d’Israël”

Comme l’écrit la BBC dans un autre article, le Hamas a mobilisé “environ 7 000 membres de ses forces de sécurité pour reprendre le contrôle des zones de Gaza récemment évacuées par les troupes israéliennes” et nommé des “gouverneurs”. Et ce dans l’objectif de “nettoyer Gaza des hors-la-loi et des collaborateurs d’Israël”.

D’après des informations en provenance de Gaza, ces hommes du Hamas, habillés “pour certains en civil, d’autres en uniforme bleu de police”, ont été déployés dans ces territoires. “Le Hamas semble se préparer à assouvir sa vengeance contre ceux qui s’opposent à son régime à Gaza”, prévenait The Jerusalem Post.

Et de rappeler que le mouvement islamiste palestinien a, dès sa création, “eu recours à des tactiques mafieuses pour contrôler la population de Gaza” avec, notamment, Yahya Sinwar, l’ex-leader du Hamas à Gaza, architecte des massacres du 7 Octobre – éliminé il y a un an par l’armée israélienne à Khan Younès –, qui avait assis son autorité, au début des années 1990, grâce aux “assassinats brutaux de ‘collaborateurs’”.

Une “vague de violence dans les semaines et les mois à venir”

Ces derniers mois, des groupes armés opposés au Hamas et soutenues par l’armée israélienne ont émergé dans la bande de Gaza. Le plus important est sans doute celui des Forces populaires de Yasser Abou Chabab, implanté dans la région de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Mais le site Times of Israel cite également le groupe d’Achraf Al-Mansi, qui opère dans le nord de la bande de Gaza, ou celui de Houssam Al-Astal, établi dans la région de Khan Younès, plus au nord, et qui dirige le clan Al-Majida. “Le Hamas est faible”, assure ce dernier dans un entretien accordé à Ynetnews, le site anglophone du quotidien israélien Yediot Aharonot. Mais comme l’écrit Times of Israel, “de nombreux Gazaouis craignent un retour du règne de la terreur”.

Pour le Hamas, écrit Ynetnews, la lutte contre les principaux clans et milices de Gaza constitue désormais “la ‘véritable guerre’ : une combinaison de crise de commandement, de menaces internes et d’affrontements armés susceptible de déboucher sur une nouvelle vague de violence dans les semaines et les mois à venir”.

Et ce, écrit The Times, alors que “des discussions porteront sur les modalités de désarmement et de démobilisation du Hamas”, appelé à ne plus avoir aucun rôle à Gaza, lors de la prochaine phase de négociations. Or ce dernier a réaffirmé ces derniers jours qu’il était “hors de question” qu’il désarme.

 

 

 

Source : Courrier international (France)

 

 

 

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