
C’est l’histoire d’un audio récent sur Facebook. Un « subsaharien » dont on ignore les motivations y accuse d’autres « subsahariens » d’avoir assassiné un Marocain, donnant lieu à des commentaires explicites.
« Mal nommer les choses c’est participer au malheur du monde », professait Albert Camus.
Certes, chacun de nous, par commodité, use de raccourcis : Africain, Maghrébin, musulman, Peulh…Reste que dans certains registres, ces approximations sont souvent fâcheuses. Il en est ainsi du répertoire de la stigmatisation.
Quand retiendra-t-on que c’est X ou Y qui commet un acte criminel par exemple, et non un « subsaharien », un musulman… ? Sauf à considérer que le criminel l’est du fait d’être subsaharien, musulman…. On devrait être vacciné en raison de la tendance d’une certaine mouvance politique à associer certaines dérives à une certaine religion. Si cette confusion nous heurte dans ce cas, pourquoi la reproduit-on dans d’autres situations ?
On peut préférer un choix récent en Angleterre. On se rappelle qu’à l’occasion du sacre de Liverpool, un homme dans un état second a « délibérément » roulé sur des piétons et fait des blessés. Compte tenu de similitudes avec des faits liés au terrorisme abusivement qualifié de « musulman », une partie de la presse s’empressa de préciser que l’auteur de l’acte criminel était anglais et blanc. Pour la petite histoire, il porte un nom évocateur : Doyle. Sauf que son prénom est Paul.
Bien que bienveillante, la décision de préciser le profil du délinquant pour couper court à toute exploitation xénophobe fit légitimement débat. Les méfiants firent valoir que la précision pouvait créer un précédent et obliger à l’avenir à spécifier tout autant le profil ethnique si le mis en cause appartenait à une minorité. Soit. Mais tout bien pesé, une bienveillance risquée restera toujours préférable à une instrumentalisation de drames.
Tijane BAL pour Kassataya.com