Le roi Mohammed VI à Marrakech pour dissiper un malaise naissant autour de la réponse politique

Quatre jours après le séisme, la visite de Mohammed VI au chevet des blessés entend incarner la compassion officielle des autorités.

Le Monde  – Soudain, Marrakech a été traversé par la fébrilité. Il était 16 h 30 (heure locale), mardi 12 septembre, quand la circulation est devenue plus nerveuse. Aux carrefours, la police s’est faite plus directive, les sifflets plus stridents que d’ordinaire. Le roi Mohammed VI venait d’arriver en ville, une première, quatre jours après le séisme qui a frappé la région dans la nuit du 8 au 9 septembre, causant la dévastation – 2 900 morts et 5 530 blessés selon un bilan provisoire – dans les villages proches du Haut Atlas. Devant le centre hospitalier universitaire (CHU), où le souverain s’est rendu au chevet des blessés, la foule s’est pressée derrière un sourcilleux cordon de forces de l’ordre pour capter un souvenir de la royale tournée.

Mais les choses sont allées très vite : une fois la visite achevée, le convoi de voitures aux vitres teintées et encadrées par des motards est reparti en trombe sous les acclamations et les youyous. Noyés dans le public, des policiers en civil veillaient à ce qu’aucune photo non officielle ne soit prise de la scène – la couverture médiatique des activités du roi est très corsetée –, allant jusqu’à s’assurer auprès d’un journaliste qu’une caméra miniature n’était pas dissimulée dans ses lunettes de soleil.

Ainsi cette visite du CHU de Marrakech clôt-elle une séquence quelque peu confuse. Il ne sera pas dit que Mohammed VI est indifférent au sort de son peuple dans la détresse. Le message est central, alors qu’un malaise commençait à sourdre au Maroc face à une réponse de l’Etat qui tardait à s’incarner et à faire montre de sollicitude. Surpris par le séisme à Paris, où il était en visite privée, le roi avait regagné samedi Rabat, où il a présidé une « réunion de travail », lors de laquelle il a donné ses « très hautes instructions » pour « poursuivre avec célérité » l’acheminement des secours. Mais une visite sur le terrain s’imposait, d’autant plus que les longues absences du monarque hors de Rabat, ces dernières années, nourrissent des interrogations inquiètes.

Don de sang

Si l’Etat marocain s’est mobilisé dans les heures qui ont suivi le séisme, avec une armée très présente dans les villages touchés – ses campements sont visibles à Amizmiz, à Asni ou à Ouirgane et ses hélicoptères survolent la vallée de l’Agoundis en déposant de l’aide où cela est possible –, il restait à donner un visage humain, donc politique, à la réponse officielle. Lors du séisme de 2004 dans la région d’Al-Hoceima, dans le Rif, Mohammed VI avait mis quatre jours pour se rendre dans la zone sinistrée, où il avait passé plusieurs nuits sous une tente. Le même délai aura donc été respecté, mais on ignorait, mercredi, si le souverain se rendrait, au-delà de Marrakech – ville peu touchée en elle-même –, dans les villages reculés du Haut Atlas voisin, où la situation humanitaire est critique.

La communication officielle autour de la visite au CHU de Marrakech – appelé « Mohammed VI » – en dit long sur l’image à redresser après les flottements de ces derniers jours. « Le souverain s’est informé de l’état de santé des personnes blessées ainsi que des soins qui leur sont prodigués par les équipes médicales mobilisées », écrit une dépêche de l’Agence marocaine de presse (MAP), l’agence officielle. Les images diffusées par les télévisions montrent un roi, sanglé dans un costume cravate, se pencher avec tendresse et sympathie au chevet de blessés, les prenant dans ses bras, leur adressant des mots de réconfort.

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(Marrakech, envoyé spécial)

 

 

 

 

Source : Le Monde 

 

 

 

 

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