Mauritanie : l’unité nationale ne se décrète pas

En déclarant que l’unité nationale est plus forte que les discours mensongers, le porte-parole du gouvernement confirme la fuite en avant du régime de Ould Ghazouani face à la division des Mauritaniens.

La mosaïque culturelle de la Mauritanie est une richesse, mais elle est aussi source de tensions, notamment en raison de discriminations persistantes et d’un sentiment d’exclusion des deux composantes importantes négro-africaines et harratines. Cette problématique de l’unité nationale est à la fois profonde et complexe. Après 65 ans d’indépendance, les Mauritaniens se regardent en chien de faïence. L’arrivée au pouvoir de Ould Ghazouani n’a pas changé la cohabitation. Les disparités dans l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux ressources publiques alimentent le ressentiment. Ces vérités ne sont pas des discours mensongers encore moins une vue de l’esprit des observateurs.

En déclarant que l’unité nationale est plus forte que ces discours alimentés par les réseaux sociaux, l’opposition, le porte-parole du gouvernement fait une fuite en avant. L’unité nationale ne se décrète pas. Elle se construit à travers un processus. Le pouvoir politique est généralement perçu comme dominé par une élite issue des groupes arabo-berbères. Les exclusions politiques et la gestion tribale du pouvoir freinent une véritable inclusion. L’unité nationale est souvent évoquée dans les discours politiques, mais sa concrétisation reste fragile. Les postes clés dans l’administration, l’armée et la justice sont majoritairement occupés par des Bidanes, ce qui crée un déséquilibre dans la représentation des autres groupes. La Mauritanie a les moyens de transformer sa diversité en force. Mais cela exige du courage politique, une volonté de réforme, et surtout une mobilisation citoyenne. Le vivre-ensemble ne se décrète pas, il se construit.