
Info migrants – Selon le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), 1 946 migrants ont été interpellés, 74 convoyeurs arrêtés et 32 pirogues saisies par les forces de sécurités sénégalaises durant le 1er semestre 2025. Des chiffres qui relatent l’ampleur du phénomène migratoire au Sénégal malgré les efforts entrepris pour lutter contre l’immigration clandestine vers l’Europe.
Au premier trimestre 2025, les forces de défense et de sécurité sénégalaises ont interpellé « 1 946 personnes tentant de prendre la mer, dont une majorité d’étrangers – 1 000 personnes – utilisant le Sénégal comme point de départ » a indiqué mardi 2 septembre le secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), Modou Diagne.
Le contrôleur général de police a également précisé que 32 pirogues avaient été saisies et 74 suspects, des convoyeurs, arrêtés et déférés devant la justice. Ces chiffres ont été présentés à l’occasion d’un atelier s’inscrivant dans le cadre de la Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière avec la vision Sénégal 2050 (SNLMI).
« La migration irrégulière est un défi de longue date, qui ne peut être résolu par un coup de baguette magique » a déclaré Modou Diagne. « Nous voulons réduire drastiquement ce phénomène à l’horizon 2035 », a-t-il cependant insisté.
Face à l’ampleur de ces départs irréguliers vers l’Europe, le Sénégal a accentué ses efforts ces dernières années afin de freiner le flux des migratoires.
Multiplication des efforts
Les opérations de contrôle menées par les autorités de Dakar se sont donc multipliées sur le littoral ces derniers mois. Un renforcement notamment dû au renouvellement d’accords de coopération entre les pays de transit (dont le Sénégal mais aussi la Mauritanie) et l’Union européenne, pour limiter les départs d’embarcations clandestines vers l’Europe. Dakar avait ainsi reçu une aide de 30 millions d’euros en octobre 2024 pour contrer ces départs mais aussi secourir les migrants en mer.
« La surveillance renforcée des côtes commence à porter ses fruits », a souligné le Modou Diagne, saluant notamment les avancées réalisées dans le démantèlement des filières de passeurs et l’intensification de la répression à leur encontre.
La SNLMI, validée en 2023 afin de lutter contre le phénomène d’ampleur de l’immigration clandestine au Sénégal, s’axe sur cinq volets : prévention et sensibilisation, répression des filières de passeurs, gestion et surveillance des frontières, protection, retour et réintégration des migrants. C’est pour coordonner toute ses actions que la CILMI a été créé en 2024 par le président de la République du Sénégal.
L’accent est notamment mis sur la prévention pour dissuader les jeunes Sénégalais de partir clandestinement. Plusieurs campagnes de sensibilisation sont menées dans le pays depuis le début de l’année et des comités départementaux et régionaux de lutte contre la migration irrégulière ont également été mis sur pied pour « impliquer les communautés dans cette prévention ».
Le secrétaire permanent a insisté sur « la nécessité d’aller au-delà du volet sécuritaire » et d' »offrir aux jeunes et aux femmes des alternatives crédibles pour bâtir un avenir au Sénégal ». Des programmes économiques générateurs de revenus sont aussi en cours de déploiement dans le pays pour tenter de dissuader la population de prendre la route de l’exil.
Une route très empruntée, mais très meurtrière
Depuis une dizaine d’années, la route migratoire au départ des côtes ouest-africaines pour rejoindre les îles Canaries, en Espagne, est devenue l’un des principaux itinéraires empruntés par les migrants subsahariens. Après un record en 2024, le nombre d’arrivées a fortement chuté cette année. Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, 12 126 exilés sont arrivés aux Canaries depuis janvier par pirogues, contre 25 571 sur la même période l’année dernière. Soit une baisse de 52,6%.
En 2024, le Sénégal est devenu le second pays de départ vers cette destination selon le rapport de la Sécurité nationale espagnole. Si les départs sont moins nombreux cette année depuis les côtes sénégalaises en raison des mesures répressives et sécuritaires adoptées, cela ne signifie pas pour autant que les pirogues ne partent plus. La route de l’Atlantique s’est simplement déplacée plus au nord faisant désormais de la Mauritanie, le principal lieu de départ des personnes désireuses de gagner les Canaries. La route au départ de la Guinée est aussi de plus en plus utilisée par les migrants.
Dans un pays touché par un chômage de masse et une crise économique ainsi que par la raréfaction des poissons due à la surpêche, des milliers de jeunes Sénégalais tentent de traverser l’Atlantique pour rejoindre les Canaries, prenant des risques énormes. Il faut au moins cinq jours de navigation pour parcourir les 1 500 km qui séparent le pays de l’archipel, dans des conditions décrites comme terribles par les survivants, à la merci de la faim et la soif, du soleil, des intempéries et des avaries.
Cela en fait l’une des routes les plus meurtrières avec de fréquents naufrages recensés. L’un des derniers drames en date remonte au 28 août. Partie de Gambie avec plus 160 personnes à bord, toutes gambiennes et sénégalaises, une pirogue a fait naufrage au large de la Mauritanie. Au moins 69 corps ont été repêchés et seuls 17 migrants ont pu être secourus.
Plus de 10 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en tentant de rejoindre l’Espagne en 2024, selon l’ONG Caminando Fronteras. Un chiffre sous-estimé car de nombreuses embarcations perdues en mer ne sont jamais retrouvées. Au cours des cinq premiers mois de 2025, un total de 1 482 décès a été comptabilisé par l’ONG sur cette route.
Source : Info migrants
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