Football : les supporters européens s’opposent à la délocalisation de matchs de championnat

Plusieurs centaines d'organisations de supporters européens se sont opposées, ce mercredi 3 septembre, au projet de la Liga et de la Serie A de délocaliser deux matchs de leur championnat. Un projet qu'ils considèrent être « une perversion du football » et qui sera bientôt tranché par l'UEFA.

RFI  – À bas bruit, cette possible première mondiale a franchi plusieurs obstacles pendant l’été, avec l’appui donné par les fédérations espagnole et italienne à la tenue des rencontres Villarreal-Barcelone le 20 décembre à Miami et d’AC Milan-Côme début février 2026 à Perth, en Australie.

« L’idée de faire traverser des océans aux joueurs, aux staffs, aux supporters et à tous les autres pour un match « à domicile » est absurde, inabordable et irresponsable sur le plan environnemental », a protesté l’association Football Supporters Europe (FSE) dans un texte signé par 423 groupes issus de 25 pays.

Revendiquant « plus de 3 millions de supporters » représentés, ces organisations craignent qu’un éventuel feu vert de l’UEFA, attendu le 11 septembre, n’ouvre « une boîte de Pandore aux conséquences imprévisibles et irréversibles ». « Chaque club, chaque équipe nationale, chaque groupe de supporters dans le monde risquerait de voir leur équipe être délocalisée à l’autre bout du monde, pour un match ou plus », poursuit leur communiqué.

Séduire « de nouveaux publics »

La rentrée du football européen voit s’ouvrir une bataille en cours depuis des années, tant les instances cherchent à monétiser le rayonnement mondial de leurs clubs : les Supercoupes d’Espagne comme d’Italie se tiennent déjà en Arabie Saoudite, après de précédentes éditions en Chine, au Maroc, au Qatar et en Libye.

Les championnats et leurs matchs aller-retour, cœur de la tradition continentale, résistent encore à cette tendance, mais la Liga tente depuis 2018 d’organiser des rencontres aux États-Unis, siège de son partenaire commercial Relevent Sports. Quant à la Serie A, elle met en avant l’impossibilité d’utiliser le stade de San Siro pour la 24e journée du Championnat d’Italie, puisque la mythique enceinte milanaise accueillera le 6 février la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver.

L’argument commercial n’est cependant pas loin : il s’agit aussi de « faire découvrir à de nouveaux publics l’excellence du football italien, renforcer la compétitivité du système et générer des ressources ayant un impact positif sur l’ensemble du mouvement », plaidait l’instance italienne le 27 août. Les deux championnats lorgnent sur les grandes ligues américaines, la NFL et surtout la NBA, qui délocalise des matchs de sa saison régulière depuis 1990 au Japon et 2013 en Europe et a déjà programmé six rencontres à Berlin, Londres, Manchester et Paris lors des trois prochaines saisons.

« Une trahison » selon le Commissaire européen aux Sports

S’il suffisait jusque là d’opposer aux délocalisations les règles de la FIFA, l’instance mondiale a lancé le 15 mai dernier un groupe de travail pour les réviser, contrainte en ce sens par un accord signé en 2024 avec Relevent Sports pour solder une procédure anticoncurrentielle.

D’où le constat dressé ce mercredi par le patron de l’UEFA, Aleksander Ceferin, auprès du journal Politico : « Nous ne sommes pas contents (des projets de délocalisation, ndlr), mais nous avons peu de latitude d’un point de vue juridique si les deux fédérations sont d’accord ». De règlementaire, le sujet est donc devenu politique, avec l’entrée en lice du Commissaire européen aux Sports, Glenn Micallef : « Délocaliser des compétitions à l’étranger n’est pas une innovation, c’est une trahison », estimait-il la semaine dernière sur le réseau social X.

En Espagne, le projet se heurte aussi à l’opposition du syndicat des footballeurs et de tous les capitaines de première division – y compris Villarreal et Barcelone – qui ont fustigé « le manque de dialogue et d’information » de la Liga. Enfin, le Real Madrid a dénoncé mi-août un « risque de falsification de la compétition » et de son principe des matchs aller-retour : avec ses stars planétaires, le FC Barcelone peut en effet s’attendre à être acclamé à Miami comme s’il jouait à domicile.

 

 

Source : RFI avec AFP

 

 

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