Ousmane Dembélé : « Le Ballon d’or, c’est le Graal »

L’attaquant du Paris Saint-Germain fait figure de favori pour la prestigieuse récompense qui sacre le meilleur footballeur de la saison. Auprès du « Monde », le Français préfère toutefois insister sur la performance collective de son club que sur son cas individuel.

Le Monde  – En son for intérieur, il espère qu’il sera l’heureux élu. Mais ne comptez pas sur lui pour affirmer haut et fort que le Ballon d’or doit lui revenir, malgré la saison exceptionnelle avec le Paris Saint-Germain (PSG). Il n’est pas comme ça, Ousmane Dembélé. Alors que le trophée récompensant le meilleur footballeur de l’année sera décerné lors d’une cérémonie prévue le 22 septembre, à Paris, l’attaquant a accordé un entretien au Monde, mardi 26 août, dans lequel il ne cache pas ses ambitions, sans jamais trop se mettre en avant.

Principal artisan de la réussite de son club ces derniers mois, Ousmane Dembélé sait qu’il doit s’exprimer dans les médias pour adresser un ultime message aux votants, ces 100 journalistes internationaux appelés à se prononcer d’ici à la fin août. Alors, le numéro 10 du PSG se plie à l’exercice. Mais sans bomber le torse. Si de nombreux observateurs le considèrent comme le mieux placé pour être couronné, lui n’affiche jamais ouvertement sa volonté de conquérir cette distinction. « C’est quelque chose de difficile à dire », avoue-t-il, gêné.

A la différence d’autres joueurs, comme le Portugais Cristiano Ronaldo, quintuple lauréat du trophée, ou son coéquipier chez les Bleus Kylian Mbappé, qui ont clamé très tôt leur volonté de remporter le Ballon d’or, le natif de Vernon, dans l’Eure, campe sur une posture d’humilité. Qu’importe qu’on lui répète inlassablement qu’il tient la corde. Il n’est pas « le » favori, juste « l’un d’eux ».

« Cela fait plaisir après cette belle saison avec le PSG. Je pense en effet être l’un des favoris pour remporter ce trophée, concède-t-il. Mais on verra ce qu’il se passera le 22 septembre. » Ousmane Dembélé se veut prudent sur le dénouement du scrutin. « Tout peut se passer », insiste-t-il, se disant « serein » quelle que soit l’issue.

Ancien maladroit désormais très efficace

Dans la même veine, l’ex-Barcelonais rechigne à parler de ses performances individuelles, qu’il fait toujours passer après le « collectif », le maître mot du PSG sous la conduite de son actuel entraîneur, Luis Enrique. Bien sûr qu’il rêve du Ballon d’or, « le Graal », « un trophée exceptionnel pour un joueur de football ». Mais ceux glanés avec ses équipiers « ont été les plus importants », à commencer par la Ligue des champions, derrière laquelle courait le club de la capitale depuis tant d’années, et dont il a remporté la finale, le 31 mai, à Munich, contre l’Inter Milan (5-0).

Dans un milieu où la plupart des acteurs ont un ego démesuré, l’international français détonne, encore plus dans le cercle fermé des buteurs, souvent tentés par l’individualisme. Lorsqu’il s’exprime, il emploie rarement le « je », opte plus volontiers pour le « on » ou le « nous ». Manière de rappeler qu’à ses yeux, ce sont les succès conquis avec ses partenaires qui lui permettent aujourd’hui de prétendre à la prestigieuse récompense.

Au vu de ses performances sur le terrain cette saison, Ousmane Dembélé peut réussir le tour de force de se voir décerner le Ballon d’or dès sa première nomination parmi les 30 finalistes. Souvent freiné par les blessures, critiqué pour son irrégularité, l’attaquant a attendu ses 27 ans pour réaliser la meilleure année de sa carrière, en étant décisif à chaque match important de son club, ou presque. Son bilan comptable parle de lui-même : lors de l’exercice 2024-2025, il a inscrit 35 buts et délivré 16 passes décisives, toutes compétitions confondues. Loin, très loin, de ses 14 réalisations en 2018-2019 avec le FC Barcelone.

L’ancien maladroit, désormais très efficace, a été la pièce maîtresse de la réussite du PSG, auteur d’un quintuplé historique : Ligue des champions, championnat de France, Coupe de France, Trophée des champions et Supercoupe d’Europe. Il a également brillé par son sens du collectif et son implication dans le travail défensif de son équipe.

« Réaliser une telle saison, en gagnant tous ces titres, c’est vraiment exceptionnel », rappelle-t-il, pointant une différence entre les succès nationaux – « accessibles pratiquement toutes les années » pour le PSG – et le premier sacre européen du club, cette « coupe aux grandes oreilles », le trophée « le plus difficile » à conquérir.

La démonstration parisienne, en finale, face à l’Inter Milan, reste d’ailleurs son « meilleur souvenir »« Comme un peu tout le monde, dit-il en souriant. Une victoire 5 à 0, à ce stade de la compétition, ce n’est pas tous les ans ! Du début jusqu’à la fin, l’équipe a joué un match incroyable. C’est vraiment ce soir-là que j’ai vécu les plus belles émotions de la saison. »

« L’autre plus beau moment » d’Ousmane Dembélé reste la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions, arrachée à Liverpool, le 11 mars, dans l’ambiance bouillante d’Anfield, (1-1 sur l’ensemble des deux matchs, 1-4 aux tirs au but), qui a marqué « le commencement d’une belle série ». « C’était exceptionnel, se remémore le numéro 10. Ainsi que les deux matchs face à Arsenal, en demi-finales [1-0 à Londres, puis 2-1 au Parc des Princes, les 29 avril et 7 mai]. »

Neuf joueurs du PSG nommés

S’il reconnaît qu’il ne sera « pas facile » pour le club parisien de faire aussi bien lors de cet exercice 2025-2026, après une telle razzia et une année éprouvante, tant sur le plan physique que mental, Ousmane Dembélé assure que son ambition et celle de ses coéquipiers demeure intacte. « On a encore beaucoup de motivation. On a un groupe jeune, qui a encore faim de victoires. Ce que l’on a vécu la saison dernière, on veut le revivre tous les ans », affirme-t-il, d’un air conquérant.

L’« objectif » est clair : installer dans la durée une domination du PSG à l’échelle continentale. « On veut devenir des champions. Or les champions remportent des grands trophées comme la Ligue des champions deux ou trois fois dans leur carrière », insiste-t-il. Le défi, immense, suppose de remobiliser les troupes. De mettre de côté les sacres déjà acquis et de « se remettre au boulot ». « Les succès de la saison écoulée font partie de l’histoire, mais il faut les oublier si l’on veut revivre une saison extraordinaire », pose-t-il dans un discours de meneur d’hommes.

Un ton qui dit beaucoup de son changement de statut en interne. « Ce n’était pas forcément le cas quand je suis arrivé au PSG [en août 2023], mais depuis l’an dernier, comme il y a énormément de jeunes et que je suis l’un des plus anciens du vestiaire, je fais partie des leaders de l’équipe », observe-t-il, avant d’ajouter, encore, « avec d’autres ». « Le coach m’a beaucoup conseillé de montrer l’exemple. C’est un rôle que j’aime bien et que je vais essayer de continuer à jouer. »

Avant, peut-être, de changer de dimension aux yeux du monde entier, s’il venait à obtenir le Ballon d’or. Depuis le sacre européen, l’ensemble du club parisien – son président, Nasser Al-Khelaïfi, et Luis Enrique en tête – mène une campagne active pour que son buteur soit couronné. Pour y arriver, il devra s’imposer face à son principal rival, le prodige barcelonais Lamine Yamal, sans pâtir d’un éparpillement des voix parmi les membres de son équipe. Le PSG compte le chiffre inégalé de neuf hommes parmi les trente finalistes pour la récompense, dont Vitinha ou Achraf Hakimi, qui a estimé, dans un entretien à Canal+, le 9 août, qu’il « le mérite aussi ».

Une concurrence interne qu’Ousmane Dembélé dit ne pas craindre, estimant au contraire qu’elle symbolise la réussite collective de sa formation : « C’est normal qu’il y ait énormément de joueurs de Paris nommés, car on a fait la meilleure saison possible. C’est un plaisir et une fierté pour le club et la ville. »

Si l’international français – appelé par Didier Deschamps pour les rencontres de qualification à la Coupe du monde 2026 contre l’Ukraine et l’Islande, les 5 et 9 septembre – nourrit l’espoir de devenir le digne successeur de Raymond Kopa, Michel Platini, Jean-Pierre Papin, Zinédine Zidane et Karim Benzema comme lauréat du Ballon d’or, il estime surtout qu’il serait logique que le trophée revienne à un membre du PSG. « C’est ce qu’on pense », glisse-t-il, en plaçant une nouvelle fois les intérêts de son équipe devant son sort personnel.

 

 

 

 

Source :  Le Monde

 

 

 

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