
Amadou Malick Gaye (1931–1989), surnommé le « Lion de Dounguel », fut une figure majeure du renouveau culturel peulh au Sénégal et en Mauritanie. Pionnier de l’alphabétisation en pulaar, il a œuvré pour la reconnaissance et la valorisation de cette langue, notamment en introduisant son écriture en caractères latins.
Dès les années 1950, Amadou Malick Gaye s’engage activement dans la promotion de la langue pulaar. En 1956, alors qu’il poursuit une formation d’administrateur à Paris, il fonde l’Association pour la jeunesse peule, marquant ainsi le début d’une prise de conscience culturelle et linguistique au sein de la communauté peule. De retour au Sénégal, il crée l’Association pour la Renaissance Pulaar, visant à promouvoir l’usage écrit du pulaar et à renforcer l’identité culturelle peule.
Le congrès de Mbagne et l’alphabet « Alkule Mbagne »
En 1962, il organise le congrès des intellectuels peuls à Mbagne, en Mauritanie, malgré les réticences des autorités mauritaniennes. Ce congrès marque un tournant dans la structuration de la pensée culturelle peule, avec l’adoption d’un alphabet latin pour le pulaar, connu sous le nom d' »Alkule Mbagne ». Cette initiative vise à renforcer l’oralité par l’écriture et à préserver la mémoire collective peule.
Lire aussi : Mémoire des penseurs – Saïdou Kane dit Moustapha Boly Kane
Amadou Malick Gaye a également été un homme politique engagé, affrontant les régimes de Senghor au Sénégal et de Moktar Ould Daddah en Mauritanie. Il a été emprisonné à plusieurs reprises pour ses convictions. Issu de la caste des Thioubalos (pêcheurs), il a défié les hiérarchies sociales traditionnelles en prônant l’égalité des chances et en affirmant que la compétence devait primer sur l’origine sociale.
Un philanthrope au service du Fouta
Connu pour sa générosité, il a initié de nombreux projets de développement dans la région du Fouta, tels que l’installation de motopompes, de moulins à mil, de puits et de forages, contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie des populations locales.
Lire aussi : Mémoire des penseurs – Mamadou Samba Diop, surnommé Mourtoudo
Un décès survenu lors d’une mission humanitaire En 1989, lors des tensions sénégalo-mauritaniennes, il entreprend une tournée dans le Fouta pour venir en aide aux rapatriés. C’est au cours de cette mission qu’il décède subitement à Dounguel, le 28 mai 1989. Son décès marque la fin d’une vie dédiée à la promotion de la culture peule et au service des populations.
Amadou Malick Gaye reste une figure emblématique de la renaissance culturelle peule, ayant œuvré sans relâche pour l’émancipation linguistique, sociale et politique de sa communauté.
Mamoudou Baidy Gaye dit Alia
journaliste militant
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com