Gambie : 67 ans de prison aux USA pour l’ex-Jungler Michael Correa

Agence de Presse Africaine – L’ex-membre de l’escadron de la mort de Jammeh, Michael Sang Correa a écopé d’une peine exemplaire de 67 ans d’emprisonnement aux États-Unis pour des actes de torture commis après le coup d’État manqué de 2006.

L’ancien membre de l’escadron de la mort gambien, Michael Sang Correa, a été condamné vendredi à 67 ans et demi de prison par un tribunal fédéral américain pour actes de torture et complot en vue de commettre la torture. Une décision qualifiée d’« historique » par le ministère gambien de la Justice, qui y voit une étape majeure dans la quête de justice pour les victimes du régime de Yahya Jammeh.

La peine a été prononcée à Denver par la juge Christine M. Arguello, qui a infligé 135 mois pour chacun des six chefs de torture et le chef de complot, les peines devant être purgées consécutivement. Selon la magistrate, ces crimes constituaient des violations flagrantes des droits humains internationaux et justifiaient une sanction exemplaire.

Arrêté en juin 2020 aux États-Unis après avoir dépassé la durée de son visa, Correa avait été reconnu coupable le 15 avril 2025. Jugé sous la loi extraterritoriale américaine sur la torture, il est devenu le premier ressortissant étranger condamné aux États-Unis pour des crimes de torture commis hors du territoire américain.

Des actes systématiques après le coup d’État manqué de 2006

À l’époque des faits, Correa servait dans l’armée gambienne au sein des Junglers, une unité paramilitaire d’élite directement liée à Jammeh et accusée de tortures, d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées et de violences sexuelles. Selon l’acte d’accusation, il avait participé à la répression contre des putschistes présumés après le coup d’État manqué de 2006.

Les détenus avaient été torturés à la prison de Mile 2 et au siège de la NIA (Agence nationale de renseignement) à Banjul, à l’aide de bottes militaires, tuyaux, fils électriques, bâtons, sacs en plastique, électrocutions et même d’agressions à l’acide.

Des témoignages accablants

Au procès, plusieurs victimes, dont Pharing Sanyang, Ebou Jarjue, Tamsir Jasseh et Barton Garrison, ont livré des témoignages accablants. Trois d’entre elles ont identifié Correa comme l’un de leurs tortionnaires. Pharing Sanyang, ancien commandant au Palais présidentiel, a décrit Correa comme « très agressif », expliquant qu’il cherchait à lui extorquer de faux aveux. Le concernant, Ebou Jarjue, ancien serveur au Palais présidentiel, a raconté avoir été détenu neuf mois puis emprisonné quatre ans à Mile 2, après avoir été faussement accusé de tentative d’empoisonnement de Jammeh. À son propos, Tamsir Jasseh, ex-directeur de l’immigration et citoyen américano-gambien, a témoigné avoir été torturé et condamné sur la base d’aveux forcés, affirmant que Correa « s’amusait » à faire souffrir les détenus.

Une victoire pour la justice internationale

Le ministère gambien de la Justice a salué un « jalon important » et une « victoire significative » pour la justice internationale. « Cette condamnation envoie un message clair : les auteurs de violations graves des droits humains ne trouveront aucun refuge », a déclaré le ministère, qui a exprimé sa gratitude au gouvernement américain et aux procureurs chargés du dossier.

Banjul a réaffirmé son engagement à poursuivre les crimes de l’ancien régime Jammeh, notamment à travers la mise en place d’un Bureau du Procureur spécial chargé de traduire en justice les responsables des crimes documentés par la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC).

Source : Agence de Presse Africaine (APA)

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page