Géopolitique – Les États-Unis expurgent drastiquement leur rapport annuel sur les droits humains

“Beaucoup plus court et moins détaillé” que les années précédentes, le très attendu rapport annuel du département d’État américain sur la situation des droits humains dans le monde, publié mardi, a été drastiquement expurgé pour épouser la politique étrangère de la Maison-Blanche.

L’administration Trump “a considérablement réécrit et réduit le rapport annuel du gouvernement américain sur les violations des droits humains dans le monde”, résume la BBC.

“Ce document, auparavant considéré comme l’étude la plus complète du genre par un gouvernement, réduit considérablement les critiques envers certains alliés des États-Unis, comme Israël et le Salvador, tout en accentuant les attaques contre des pays jugés ennemis, comme le Brésil et l’Afrique du Sud”, ajoute le diffuseur britannique.

Le rapport annuel du département d’État est une compilation d’études sur chaque pays du globe, rédigées à partir de notes diplomatiques. “Le Congrès s’appuie sur ces évaluations pour orienter ses décisions en matière d’aide étrangère et de ventes d’armes”, souligne NPR.

“Très attendu par les diplomates, les militants et les journalistes”, le rapport “a la réputation d’être impartial et complet”, note la radio publique. “Mais les défenseurs des droits craignent que les récents changements” ne lui donnent cette année “une tournure plus politique”.

Aucune mention de la crise humanitaire à Gaza

Le rapport publié mardi, qui couvre les actions menées en 2024 “est beaucoup plus court et moins détaillé que celui de l’année dernière”, confirme le New York Times. “Les principaux passages consacrés au Salvador, à la Hongrie, à l’Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à Israël — tous considérés comme des partenaires proches par l’administration Trump — ont été réduits ou supprimés”.

La section sur Israël, par exemple, “est beaucoup plus courte que celle de l’édition de l’année dernière, rédigée sous l’administration Biden, et ne contient aucune mention de la grave crise humanitaire à Gaza”, relève The Times of Israel.

Les pages sur le Salvador sont tout aussi bienveillantes, “abandonnant toute référence aux mauvaises conditions de détention” dans les prisons du pays et “se contentant d’indiquer dans son résumé : ‘Aucun rapport crédible ne fait état de violations significatives des droits de l’homme’, remarque NPR. Dans la même veine, les “nombreuses preuves de corruption gouvernementale ont disparu” du rapport sur la Hongrie, et on cherche en vain une quelconque mention des “violations de la liberté de réunion en Chine”.

Le rapport souligne en revanche qu’au Brésil – à couteaux tirés avec Washington – “le gouvernement Lula a réprimé le ‘débat démocratique’ et ‘la liberté d’expression des partisans’ de l’ancien président Jair Bolsonaro (PL) ”, écrit Folha de São Paulo.

“Outil politique”

Pour les critiques de l’administration Trump, “le département d’État utilise les rapports sur les droits humains comme un outil politique, en mettant l’accent sur les problèmes de liberté d’expression qui ont principalement touché ses alliés d’extrême droite en Europe et en Amérique latine, tout en minimisant les graves rapports de torture et d’abus dans les pays partenaires”, observe le Washington Post.

C’est particulièrement flagrant pour l’Europe de l’ouest, “où l’administration Trump affirme que la situation des droits humains s’est aggravée en 2024”, poursuit le quotidien américain. En France, assure ainsi le rapport, il y a “des témoignages crédibles faisant état de graves restrictions à la liberté d’expression, y compris l’application ou la menace de lois pénales ou civiles afin de limiter l’expression ; et des crimes, des violences ou des menaces de violence motivés par l’antisémitisme”.

La BBC souligne en outre que “des sections entières incluses dans les rapports des années précédentes ont également été supprimées, réduisant considérablement la couverture de problèmes tels que la corruption gouvernementale et la persécution des personnes LGBTQ + ”.

Pour The Guardian, “l’administration Trump s’est éloignée de la promotion traditionnelle de la démocratie et des droits humains par les États-Unis, la considérant comme une ingérence dans les affaires des autres pays”, tout en s’autorisant des critiques “sélectives” en fonction de sa politique étrangère.

 

 

Source : Courrier international (France)

 

 

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