
RFI – Tandis qu’à Genève, en ce moment, les pays membres des Nations Unies essayent péniblement de s’accorder sur un traité mondial contre la pollution aux plastiques, certains sur le terrain trouvent des solutions contre ce fléau de la pollution industrielle. C’est le cas – à sa petite échelle – de Cheikna Coulibaly. En 2018, il a créé une structure « Sa Sa Plast » qui récolte en Mauritanie les bouteilles et bidons qui jonchent le sol, les plages et la nature pour les recycler.
Cheikhna Coulibaly, un habitant de Sebkha, une commune de l’agglomération de Nouakchott en a eu, un jour, assez de voir le plastique envahir ses rues, ses caniveaux et ses plages. Cet ancien agent commercial, qui a pas mal voyagé à l’étranger, est frappé par l’incivisme de ses concitoyens.
« Pour les citoyens de Nouakchott ou de la Mauritanie, la plupart ne connaissent pas l’importance de l’éco-citoyenneté. Donc, nous sommes en train de nous battre. Nous sommes en train de mettre en place des programmes de sensibilisation. En Afrique, pour l’instant, les gens n’ont pas cette culture pour les systèmes de collectes, de recyclage, etc… Je voyage un peu partout en Afrique et en Europe, je vois que ce n’est pas pareil que chez nous. Franchement, chez nous, on voit des bouteilles partout. Les gens n’ont pas conscience. Dès qu’on finit de boire une bouteille, « hop ! », on la jette sans se soucier. Dans d’autres zones, j’ai vu qu’on a mis des bacs de collecte pour qu’on puisse collecter et chez nous ça n’existe pas. »

Equipe Sa Sa Plast en Mauritanie© Sasa Plast
La plupart ne connaissent pas l’importance de l’éco-citoyenneté
Il n’y a pas de poubelles à Sebkha, encore moins de bacs à collecte. Mais pas de souci, en 2018, Cheikhna achète un triporteur, embauche toutes les bonnes volontés et commence à faire la tournée de cette commune de 130 000 habitants, l’une des plus peuplées de Mauritanie, pour récolter les déchets plastiques.
« On a toujours nos motos tricycles qui nous permettent de collecter. Actuellement, nous sommes concentrés sur les bouteilles d’eau minérale, des bouteilles d’huile. Et d’autres bouteilles de produits cosmétiques par exemple. Après avoir récupéré, nous broyons le plastique, nous le mélangeons avec du sable et un peu de ciment. Nous utilisons aussi des moules pour différents designs, des pavés pour faire des trottoirs. »
Très vite, en 2021, Cheikhna et la société qu’il a créé, Sa Sa Plast, bénéficie de l’appui de la coopération allemande GIZ et de la mairie de Sebkha pour apprendre à transformer du plastique en pavés. Des pavés et des dalles qui résistent parfaitement à l’érosion de l’océan.

Mélange de ciment et plastique© Sasa Plast
« En fait, en Afrique, on a beaucoup de zones salées. Quand on mélange le sable, le plastique, le ciment, nos pavés sont devenus déjà anti-sel et anti-humidité. Ce sont des pavés qui sont tellement solides avec le plastique mélangé au sable ! On a un procédé et on a le dosage qu’il faut pour que ça tienne. Ça résiste mieux. »
160 jeunes Mauritaniens formés
Après cette expérience réussie, Sa Sa Plast forme et accompagne d’autres Mauritaniens à ces techniques pour dépolluer et transformer.
« On a pu former plus de 160 jeunes Mauritaniens à ce procédé. On fait des formations avec des jeunes et des femmes. L’équipe de Sa Sa Plast est composée de 90 % de femmes. D’ailleurs, ce sont elles qui fabriquent tout ce qui est pavé et la collecte des déchets plastiques. »
Sa Sa Plast est un projet qui a pris son envol avec le concours de la coopération allemande et également du soutien de la mairie de à Sebkha. Yacouba Diakité, chargé de développement et de coopération à la mairie de Sebkha, se félicite de cette expérience réussie.
Source : RFI
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