En Côte d’Ivoire, une marche “impressionnante” pour “dire non à l’exclusion” des opposants

Des milliers de militants et sympathisants des principaux partis d’opposition ont battu le pavé le samedi 9 août, pour réclamer la réintégration de leurs dirigeants dans l’élection présidentielle du 25 octobre. Malgré son caractère pacifique, la manifestation pourrait se solder par de nouvelles poursuites judiciaires.

Courrier international  – “Combien étaient-ils dans la rue d’Abidjan samedi dernier ? 10 000, 20 000, 30 000 ? ” Le quotidien burkinabè L’Observateur Paalga se pince face au succès de la marche pacifique des partis d’opposition rassemblés sous la bannière du Front commun.

La mobilisation du samedi 9 août à Yopougon, commune populaire à l’ouest d’Abidjan, a en tout cas rassemblé “des milliers” de personnes, avance, prudent, le site d’info ivoirien L’Infodrome, alors que les organisateurs revendiquent 500 000 participants. Parmi les slogans : “Ça suffit ! Chaque Ivoirien a le droit de voter ou de se présenter à l’élection” ou encore “Oui au dialogue politique avec le gouvernement”.

À moins de trois mois de la présidentielle du 25 octobre, les principaux opposants au président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011 et candidat à un quatrième mandat, demeurent exclus de la compétition politique, à commencer par l’ex-patron du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, l’ex-président Laurent Gbagbo et l’ex-Premier ministre Guillaume Soro.

“Nous sommes sortis pour dire non à l’exclusion et oui à l’intégration des présidents Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et de l’ancien Premier ministre Guillaume Soro”, déclare un manifestant, cité par L’Infodrome. “Trop, c’est trop ! Nous disons non à la dictature, non au quatrième mandat du président Alassane Ouattara”, dit un autre.

“En tout cas, c’est une foule bien bigarrée, avec des slogans allant dans tous les sens contre le pouvoir en place, qui a battu le macadam”, résume L’Observateur Paalga, qui retient surtout le “bon déroulement” de cette manifestation sans “pneus brûlés”, “commerces vandalisés”, “bâtiments administratifs caillassés” ou “policiers agressés”. Dans un contexte de “passion va-t-en-guerre” où les “faucons de chaque camp” ne jurent que par “nous ou le chaos”, il salue les organisateurs : “Chapeau bas, messieurs !”

“Toute parole critique peut être criminalisée”

Même le quotidien gouvernemental ivoirien Fraternité Matin reconnaît une “ambiance festive et déterminée”, et salue “une mobilisation impressionnante pour la démocratie”.

Ces bons points adressés par la presse en disent long sur le niveau de violence redouté et le “climat de psychose préélectoral”, selon Le Pays. Le quotidien burkinabè se garde bien d’applaudir trop vite : “Les arrestations ciblées et les nombreuses convocations distribuées à des responsables de l’opposition témoignent d’un climat de tension marqué par la méfiance.” Deux cadres du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo ont notamment été placés en garde à vue le 8 août.

“C’est la fin de la récréation”, a d’ailleurs déclaré dans la soirée de dimanche le procureur de la République d’Abidjan, Koné Braman Oumar. Lors d’un débat sur La Nouvelle Chaîne ivoirienne, une chaîne de télévision privée, il a dénoncé “des propos haineux, racistes et xénophobes qui ont été distillés durant tout le parcours de cette marche” sur les réseaux sociaux.

L’identification des auteurs serait en cours, laissant présager de nouvelles interpellations. Une annonce qui “intervient dans un climat politique tendu”, note encore L’Infodrome. “Toute parole critique peut être criminalisée”, s’est inquiété dans la même émission Fabrice Lago, secrétaire à la communication du Front commun, qui a pesté : “[C’est une] manière cavalière de vouloir nous humilier parce que nous avons le tort de ne pas être d’accord avec le parti au pouvoir.”

 

 

 

Source : Courrier international (France)

 

 

 

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