À Djenné, la grande fête de boue qui préserve la mosquée

Agence Ecofin – Au cœur de la ville malienne de Djenné, la plus grande construction en terre crue du monde domine l’horizon : la Grande Mosquée. Édifiée pour la première fois au XIIIᵉ siècle, elle a été reconstruite en 1907 dans un style soudano-sahélien, reconnaissable à ses imposants contreforts, ses minarets coiffés d’ornements et ses toron, ces poutres de bois qui, tout en servant d’éléments décoratifs, permettent aux maçons d’y grimper pour l’entretenir.

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Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1988, la mosquée n’est pas seulement un chef-d’œuvre d’architecture, elle est aussi le centre d’une tradition communautaire unique : le crépissage annuel.

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Chaque année, à la fin de la saison sèche, les habitants de Djenné se rassemblent pour redonner à la mosquée sa peau d’argile. Le banco, mélange d’argile, d’eau et de fibres végétales, protège les murs des pluies imminentes. Mais sous l’effet du vent, de la chaleur et des intempéries, il s’abîme et doit être renouvelé. Cette opération n’est pas un simple chantier de réparation : elle est une fête, un rite, une manifestation de l’unité de la ville.

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Les jours précédant l’événement, on extrait la terre du fleuve Bani, on la malaxe, on la laisse “mûrir” dans de grandes cuves. Puis, le matin venu, hommes, femmes et enfants se répartissent les tâches : certains transportent la boue dans des seaux, d’autres l’appliquent sur les murs en utilisant les toron comme prises, tandis que la ville résonne de chants, de rires et parfois de compétitions amicales entre quartiers.

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Cette tradition remonte à la reconstruction de 1907 et perpétue des savoir-faire anciens transmis par les maîtres maçons, les barey ton. Elle est aussi un moment de formation pour les plus jeunes, qui apprennent les gestes et l’importance du patrimoine. Si, depuis 2016, la mosquée est inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril en raison des menaces climatiques et sécuritaires, la communauté continue de se mobiliser, parfois dans un contexte plus difficile, pour maintenir ce rituel qui protège à la fois l’édifice et l’âme de la ville.

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En 2025 encore, juste avant l’arrivée des pluies de juin, le crépissage a rassemblé toute la population, rappelant que, dans cette cité du delta intérieur du Niger, la terre n’est pas seulement matière à bâtir, mais aussi un lien vivant entre passé et présent.

 

 

Source : Agence Ecofin – (Le 08 août 2025)

 

 

 

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