
– Rassurer sans transiger. C’était l’objectif du président ivoirien, Alassane Ouattara, une semaine après l’annonce de sa candidature à un quatrième mandat consécutif, alors que l’atmosphère politique se tend dans le pays à l’approche de l’élection présidentielle du 25 octobre. « Toutes les mesures ont été prises pour garantir un scrutin apaisé, sécurisé et démocratique », a-t-il affirmé mercredi 6 août depuis Bouaké, dans le centre du pays.
Le chef de l’Etat, qui s’exprimait comme chaque année à la veille de la fête nationale, a annoncé qu’il accordait la grâce présidentielle à plus de 2 000 détenus de droit commun. Mais il s’est gardé d’évoquer le cas des opposants radiés de la liste électorale, en tête desquels l’ex-président Laurent Gbagbo, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, l’ancien premier ministre Guillaume Soro et l’ex-ministre Charles Blé Goudé. Il n’a pas non plus fait allusion aux militants et cadres de l’opposition entendus par la police ces dernières semaines.
L’heure n’est pas à la conciliation, plutôt au durcissement. « A l’approche de l’élection, les coups de pression s’accélèrent », constate le politologue Arsène Brice Bado, directeur adjoint du Centre de recherche et d’action pour la paix (Cerap) : « La justice est utilisée pour décourager les velléités de protestation. »
« Créer la psychose »
Trois jours après l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara à sa propre succession, qui a provoqué de vives protestations sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévision, un incident a éclaté à Yopougon dans la nuit du 1er au 2 août. Une quinzaine de jeunes hommes au visage masqué ont mis le feu à un bus de la compagnie publique de transport et caillassé une voiture de police dans cette commune populaire, la plus peuplée d’Abidjan, considérée comme un fief de l’opposition mais dont la mairie est détenue par le parti au pouvoir depuis 2013.
Onze personnes ont été arrêtées depuis cet épisode, dont au moins sept cadres et militants du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par Laurent Gbagbo. Le ministre de l’intérieur, Diomandé Vagondo, a directement mis en cause les partis d’opposition sur le plateau de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI) dimanche soir. « Informées de ce qui se préparait (…) les forces de police et de gendarmerie, bénéficiant de renseignements crédibles et concordants, étaient prêtes et ont réagi promptement », s’est-il félicité, estimant que l’objectif de l’opération était de « créer la psychose au sein des populations quelques mois avant l’élection présidentielle ».
Les opposants nient toute implication dans le caillassage. « Ça n’a pas de sens », s’agace, sous le couvert de l’anonymat, un cadre du « front commun » qui réunit le PDCI et le PPA-CI : « Quel intérêt aurions-nous à envoyer nos militants brûler un bus à quelques jours de notre manifestation [prévue samedi 9 août] ? » Dans un communiqué publié le 2 août, Augustin Houphouët Dia, député PDCI de Yopougon, s’est insurgé contre des « manœuvres visant à semer la peur et à dissuader les militants » de participer à la marche.
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