Pour les observateurs l’idée de parler d’un troisième mandat de Ould Ghazouani même si c’est très tôt n’est pas une vue de l’esprit mais une projection possible sous réserve d’une révision constitutionnelle.
En effet, la Mauritanie n’est pas le Sénégal, un pays démocratique. C’est une dictature militaire sous vernis démocratique depuis 1978 ou une démocratie en trompe-l’œil où le parlement est une chasse-gardée du pouvoir avec une opposition sans aucune emprise sur toutes les dérives y compris celle du chef de l’exécutif. C’est toujours une majorité mécanique qui vote toutes les lois liberticides. La Mauritanie est un pays divisé entre une composante nationale dominante et deux autres composantes négro-africaines et harratines qui se regardent comme des chiens de faïence.
Cette triste réalité peut laisser planer l’idée d’un troisième mandat même si la constitution est verrouillée à deux mandats. Impossible n’est pas mauritanien même si les généraux sont en embuscade pour tuer dans l’œuf toute révision constitutionnelle qui devra passer par un référendum populaire. Ould Aziz a réussi en imposant une révision constitutionnelle pour changer le drapeau et l’hymne national et supprimer le Sénat mais il s’est contenté de deux mandats pour son dauphin. A la différence Ould Aziz était un putschiste. L’idée d’un troisième mandat est perçue comme une menace pour la démocratie, un prolongement d’un système militaire recyclé en façade civile.
Le seul contre-pouvoir potentiel pourrait venir de l’armée, notamment des anciens compagnons du président, soucieux de préserver les équilibres internes du régime.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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