Mauritanie : Ciré Bâ et Boubacar Diagana relancent le débat sur la reconstruction nationale 

La contribution du duo historien mauritanien Ciré Bâ et Boubacar Diagana sur la difficile cohabitation est considérée par les observateurs comme une lecture de la construction nationale avec ses deux mamelles, le territoire et la politique. 

L’histoire retiendra qu’avant l’indépendance, les frontières entre le Sénégal et la Mauritanie étaient mal définies. Selon Ciré Bâ et Boubacar Diagana,le nom de Mauritanie n’apparaît officiellement que le 27 décembre 1899 avec une décision ministérielle qui organise sous le nom « Mauritanie Occidentale », les régions s’étendant de la rive droite du fleuve Sénégal et de la ligne entre Kayes et Tombouctou, jusqu’aux confins du Maroc et de l’Algérie. Décision et nom inspirés par le français Xavier Coppolani. Le 8 décembre 1933, par décret, la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal est fixée sur la rive droite (Mauritanie) selon un tracé qui couvrirait soixante-dix kilomètres à partir du fleuve Sénégal.

Lire aussi : Mauritanie : Constructions territoriale (frontière sud) et politique. Un aperçu

Cette explication historique a tout son sens si les observateurs se réfèrent plus tard à la fameuse réponse en 1974 du père de la nation Maître Mokhtar Ould Daddah à son homologue sénégalais Léopold Sédar Senghor sur la question de la souveraineté territoriale sur ce qu’il est convenu d’appeler ‘’l’île’’ de Todd au sujet de laquelle des divergences entre les points de vue mauritanien et sénégalais sont apparues lors de la Conférence tenue à Nouakchott les 7 et 8 avril 1974 entre les Ministres de l’Intérieur des deux Etats.

Cette réponse sur l’intangibilité des droits mauritaniens sur le Fleuve et sur l’Ile Todd de Saint-Louis est un rappel historique qui va déterminer plus tard ses intentions politiques de régler la cohabitation entre les différentes composantes nationales. Enfin c’est un réquisitoire contre le modelage artificiel colonial français. Des questions de territoires à la cohabitation entre les différentes composantes nationales, la Mauritanie bascule dans des frictions politiques dont le point de départ est dans l’Union française en 1946 avec l’élection de Horma Ould Babana comme député de la Mauritanie. Ce qui déclencha des frondes entre les Maures attachés au monde arabe et les négro-africains au Sénégal jusqu’au congrès d’Aleg en 1958 qui va sceller la victoire de Mokhtar Ould Daddah pour conduire l’indépendance en 1960.

En définitive, cette lecture historique de deux historiens contribue à la compréhension des principaux problèmes actuels relatifs à l’achèvement de l’unité nationale et de la cohésion sociale entre les différentes composantes nationales (arabo-berbères ou maures, peuls, soninkés, ouolofs et harratines). Une difficile cohabitation exacerbée par les alternances militaires sous vernis démocratique. 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 06 août 2025)

 

 

 

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