
Courrier Expat – Partir pour mieux revenir. C’est le choix de certains Sénégalais rentrés “au bercail”, comme le dit Ousseynou Guèye dans Le Soleil. Cet entrepreneur dans le domaine numérique dirige aujourd’hui une structure d’une quarantaine d’employés à Dakar. Formé aux sciences politiques au Sénégal et en France, il est passé par Google avant de retourner au pays en 2019. Et affirme qu’il ne peut pas se “permettre d’acquérir des compétences et d’en faire profiter un autre pays” alors que plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté au Sénégal.
Mame Kankou Traoré Mboup est de ces “repatriés” dépeints par le quotidien dakarois. En 2021, elle “n’hésite pas à répondre à l’appel du pays natal après vingt ans en France”. Bachelière sénégalaise au début des années 2000, elle s’envole alors pour la France, comme 17 000 de ses compatriotes, et intègre une école de commerce. “J’ai fait mes armes dans le marketing numérique dans deux grandes structures françaises, avant d’intégrer un média spécialisé dans la construction et l’architecture pendant plus de dix ans. Plus tard, j’ai pris l’engagement de me battre pour faciliter l’investissement immobilier au Sénégal”, explique la désormais directrice d’une agence immobilière de luxe à Dakar.
4 % de la population
Une tendance vérifiée par les études, comme l’explique Abdoulaye Niang, sociologue et président de l’université Kocc-Barma, à Saint-Louis, spécialiste des questions migratoires, dans ce dossier en deux articles du quotidien dakarois : “Aujourd’hui, l’immobilier s’est imposé comme le principal secteur d’investissement de la diaspora”, indique le professeur Niang, qui attribue cette tendance “à l’urbanisation galopante, à la rentabilité certaine du secteur et à la sécurité qu’il offre”.
Les expatriés sénégalais représentent 4 % de la population. Ces têtes bien faites, mieux formées à l’étranger qu’au Sénégal faute d’investissements suffisants, sont une manne financière pour l’État. Chaque année, ce sont 1 600 milliards de francs CFA (2,5 milliards d’euros) de transferts financiers qui entrent au pays de la Teranga, soit environ 10 % du PIB national. “La part la plus importante est destinée aux dépenses de subsistance”, analyse le professeur Diang.
“Si la diaspora veut contribuer de manière plus significative, elle doit opérer une rupture dans l’orientation de ses investissements, en se tournant vers des secteurs comme l’agriculture ou les PMI de transformation.”
À Dakar, le nouveau pouvoir incarné par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko, tous deux issus de l’inspection des impôts du Sénégal, ne s’y trompe pas. Radio Télévision Sénégal se fait l’écho du lancement par l’ancien opposant politique devenu chef du gouvernement du “programme des 1 000 Volontaires agricoles, une initiative inédite destinée à soutenir la campagne agricole 2025-2026 et à renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal”, et à laquelle la diaspora est invitée à participer.
Défini par Ousmane Sonko comme un “acte patriotique fort” et une “preuve d’amour pour la nation”, ce programme va dans le sens du professeur Niang, qui considère que “cet amour pour les siens, pour le terroir, peut se transformer en une bombe patriotique pour le développement économique”.
Source : Courrier Expat (France)
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