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Or, les réparateurs de motos avaient établi leurs quartiers juste devant le cinéma. Nous avons alors eu l’idée de convaincre ces pères de famille, souvent en difficulté financière, de nous confier leurs mobylettes pour les mettre en location. Tout le monde y trouvait son compte : les plantons bénéficiaient d’un revenu journalier, et nous, jeunes désœuvrés, avions trouvé une activité plutôt lucrative. La mobylette se louait à l’heure, et si ma mémoire est bonne, le tarif était de 300 ouguiyas. Il fallait cependant bien connaître le loueur, car le risque de voir la mobylette disparaître avec un client indélicat n’était jamais nul.
Outre les réparateurs Sidi et N’Diaye, un autre personnage haut en couleur animait les abords du cinéma : Mohamed Mahmoud Ould Soueidi (Allah yarhmou). Il tenait une boucherie renommée qui ravitaillait les maisons aisées du quartier. Il était assisté par Issa, un jeune de notre âge, presque son fils spirituel. Il fallait le voir à l’œuvre, dépecer un mouton avec une maîtrise impressionnante. Son maître avait une méthode bien à lui : il faisait un petit trou au niveau du mollet de la bête, y soufflait de l’air à pleins poumons, et la peau se décollait alors aisément du corps, comme par magie. Chez les Ehel Med Mahmoud, le couscous avait une saveur unique, et après une journée bien remplie, tous les marmitons du quartier trouvaient chez lui une hospitalité sincère.
Mais Mohamed Mahmoud, Allah yarhmou, n’était pas seulement boucher : il était aussi l’un des acteurs du film Meimouna produit par feu Hamam Fall, pionnier du cinéma en Mauritanie et créateur, entre autres, du mythique cinéma El Mouna. C’était un homme joyeux, farceur invétéré, un bon vivant dont le rire résonne encore dans nos mémoires.
À SUIVRE.
Moussa Khairy