C’était Diogo Jota

Le monde du football est sous le choc après l’annonce du décès de Diogo Jota et de son frère André, victimes d’un accident de la route dans la nuit de mercredi à jeudi. Hommage à un attaquant qui aura marqué l’histoire de Liverpool et de la sélection portugaise, sans se départir de sa discrétion.

So Foot  – Le souvenir remonte au 28 septembre 2020, dans un stade d’Anfield sonnant tristement creux, Covid-19 oblige. Recruté quelques jours plus tôt pour venir concurrencer un trio d’attaque devenu légendaire en mettant fin à 30 ans de disette nationale pour les Reds de Liverpool, Diogo Jota est lancé dans le grand bain par Jürgen Klopp à la place de Sadio Mané. Une dizaine de minutes qui suffiront au crack portugais pour marquer d’une demi-volée de l’entrée de la surface. Le premier de ses 65 buts en rouge.

Le dernier restera à tout jamais ce slalom salvateur dans la défense d’Everton au début du mois d’avril dernier, pour  s’offrir un derby précieux dans la course au titre. Entre ces deux images, des dizaines d’autres resteront gravées dans la mémoire des fans de Liverpool, de la sélection portugaise, et de tous les amoureux du ballon rond. De son triplé contre l’Atalanta en Ligue des champions à son rôle prépondérant pour qualifier le Portugal à une Coupe du monde au Qatar qu’il ne disputera finalement pas, blessé, le gamin de Gondomar a su conquérir les cœurs, désormais bien lourds après l’annonce de son décès dans un accident de voiture.

L’effroi a frappé ce jeudi matin, sous la forme d’une news de Marca, annonçant que l’attaquant de 28 ans et son frère André, 25 ans et joueur de Penafiel (D2 portugaise), avaient été victimes d’un accident de voiture dans la province de Zamora, en Espagne. Aucun des deux n’a survécu. Un drame rapidement confirmé par les clubs des deux jeunes hommes, passés et actuels. L’horreur, surtout quand on sait que Diogo Jota, père de trois enfants, avait profité de ses vacances pour se marier le 22 juin dernier. « Dévastés », les Reds ont rendu hommage à leur numéro 20, quand la sélection portugaise saluait également sa mémoire : « Bien plus qu’un joueur fantastique, avec près de 50 sélections (49, NDLR) en équipe nationale portugaise, Diogo Jota était une personne extraordinaire, respectée par tous ses coéquipiers et adversaires, une personne à la joie contagieuse. »

Le p’tit gars du Portugal

C’est l’image que laissera le garçon passé par l’Atlético de Madrid (où il n’a jamais joué), Porto et Wolverhampton avant de s’installer sur les bords de la Mersey. Celle d’un garçon modeste, acharné et surtout tourné vers les autres et le collectif. « J’ai toujours cru qu’il pouvait aller très loin. Ce n’est pas de la chance. C’est une personne très humble et travailleuse. Ce qui m’a le plus marqué chez lui, c’est sa confiance en lui. C’était incroyable, nous confiait fin 2020 Francisco Afonso, son ancien coéquipier à Paços de Ferreira, évoquant « une personne réservée, pas très extravertie, sauf au moment de se moquer de nous quand il nous battait à FIFA. »

Grand amateur de jeux vidéo, Jota aura démontré à de nombreuses reprises son talent manette en main, allant jusqu’à voir le jeu nommer une compétition à son nom. Les habitués d’Anfield garderont d’ailleurs en mémoire ses célébrations où il faisait mine de jouer (où encore celles où il mimait la gueule d’un crocodile affamé de filets qui tremblent avec ses bras). « Je pense que mon parcours prouve que le secret de la réussite, c’est de ne jamais abandonner, confiait-il à The Athletic fin 2020, dans une interview retraçant son parcours fait de résilience pour accéder au monde professionnel. Finalement, toutes les expériences que tu vis, tous les obstacles que tu franchis, te rendent plus fort. »

C’est peut-être aussi le message que devra en tirer Liverpool, club frappé par tant de tragédies au fil de son histoire. Comme une malédiction, à peine quelques semaines après avoir remporté son vingtième titre en Premier League, pour un kop qui s’était épris de « Diogoal », plus fort que Luís Figo à en croire la chanson : « He’s a lad from Portugal / Better than Figo don’t you know / Oh ! He’s name is Diogo ! » (C’est un gars du Portugal / Meilleur que Figo vous savez bien / Oh ! Son prénom est Diogo !) Nul doute que le chant sera repris en chœur avec une immense émotion le 4 août prochain, pour un double amical contre l’Athletic en guise de premier match de la saison à Anfield. D’ici là, le monde du football aura commencé à faire son deuil, à commencer par une minute de silence observée lors des matchs de l’Euro féminin de ces jeudi et vendredi (dont le choc entre le Portugal et l’Espagne). Un hommage largement mérité pour un p’tit gars du Portugal qui aura vécu son rêve, avant de ne plus pouvoir faire rêver les supporters trop tôt. Beaucoup trop tôt.

 

 

Tom Binet

 

 

Source : So Foot

 

 

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