Au Sénégal, deux affaires de violences policières relancent le débat sur l’impunité des forces de l’ordre

La mort de trois jeunes hommes après des interventions de la police à Rosso et à Dakar fin juin a ému le pays, jusqu’à la présidence.

AFP  – Le Sénégal n’en a pas fini avec les violences policières. Alors que les proches des victimes de la répression, qui avaient visé des partisans de l’opposition sous le dernier mandat du président Macky Sall, réclament toujours justice, deux nouvelles affaires ont endeuillé le pays fin juin.

Onze jours après avoir été arrêté à son domicile pour outrage à agent à Rosso, Talla Keïta, un jeune homme de 18 ans, est mort à l’hôpital de Rosso, une ville du nord du Sénégal, le 29 juin. Le lendemain, des dizaines de jeunes ont affronté les forces de l’ordre dans la localité. Deux agents ont été placés en garde à vue, selon le procureur de Saint-Louis.

Le 30 juin, des manifestations de jeunes ont également viré à l’émeute dans le quartier populaire de Cambérène à Dakar, après que les corps de Thierno Bâ, 26 ans, et de Lamine Dieng, 29 ans, ont été retrouvés sur la plage. D’après un communiqué de la police publié le 1er juillet, ils se seraient jetés dans l’océan pour échapper à une intervention policière dans la nuit du 21 au 22 juin. Les forces de l’ordre ont indiqué que les deux jeunes hommes étaient impliqués dans l’agression d’un policier. Une version que conteste la famille des défunts.

« Les jeunes à Cambérène n’apprécient pas les forces de l’ordre, explique Seydina, un trentenaire, employé d’une grande entreprise sénégalaise, qui tient à rester anonyme. La tradition ici, c’est de se poser à la plage le soir, mais les agents chassent souvent les jeunes, les traitant comme des indésirables. » Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances des deux décès.

« L’impunité totale est révolue »

Mercredi 2 juillet au soir, de retour d’Espagne où il participait à la Conférence internationale sur le financement du développement, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a fermement dénoncé ces bavures présumées. « Une intervention policière ne doit jamais entraîner la mort. Le fait que des citoyens perdent la vie lors d’opérations de maintien de l’ordre ne saurait jamais devenir une banalité », a-t-il déclaré.

Lors des échauffourées qui ont éclaté à Cambérène, des agents ont utilisé un jeune homme entravé pour se protéger contre des jets de projectile. Une scène filmée qui a abondamment circulé sur les réseaux sociaux et que le chef de l’Etat a manifestement également visionnée. « On ne saurait se servir des citoyens (…) comme d’un quelconque bouclier humain », a-t-il asséné mercredi soir.

Il n’existe pas de statistiques précises sur les violences policières au Sénégal, mais le sujet revient régulièrement dans le débat public. « Beaucoup d’agents se voient encore comme des policiers tout-puissants dont la volonté s’impose avec brutalité à la société. Pour autant, l’époque de l’impunité totale est révolue, souligne Djibril Diop, sociologue et coauteur de La Police sénégalaise face aux défis sécuritaires du XXIsiècle (éd. L’Harmattan, 2022). Depuis environ dix ans, on assiste à des procès plus réguliers d’agents pour des violences ou des affaires de corruption, et des efforts de formation sur les droits des prévenus sont faits à certains niveaux dans l’institution. »

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Source : Le Monde avec AFP 

 

 

 

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