
La Nouvelle Tribune – La relation entre le Sénégal et la Mauritanie connaît depuis quelques mois un regain d’intensité rarement égalé. Portée par la vision diplomatique du président Bassirou Diomaye Faye, cette dynamique s’est traduite par un rapprochement économique et sécuritaire, notamment autour du projet gazier commun Grand Tortue Ahmeyim.
Mais c’est sur le plan humain que le tournant est le plus visible. Le 2 juin 2025 à Nouakchott, un accord inédit a été signé entre les deux pays pour encadrer de manière souple, mais rigoureuse, les conditions de circulation, de séjour et d’établissement de leurs citoyens respectifs. Un texte qui consacre un nouveau cadre, moins bureaucratique et davantage tourné vers la réalité des mobilités entre les deux rives du fleuve Sénégal.
Circuler librement, s’installer facilement
L’accord prévoit désormais des conditions d’entrée plus accessibles pour les ressortissants de l’un ou l’autre pays. Il suffit de passer par un point de contrôle officiel, et de présenter une carte nationale d’identité ou un passeport en cours de validité. Aucun justificatif de moyens de subsistance n’est requis. Pour les courts séjours, une simple copie du document d’identité et l’original de la carte consulaire suffisent.
Mais c’est surtout dans le domaine du long séjour que les nouveautés sont marquantes. La première demande de carte de séjour en Mauritanie ne nécessite ni contrat de travail ni preuve de revenus, seulement une pièce d’identité, une carte consulaire et le paiement de 5 000 FCFA (ou 300 ouguiyas). Pour le renouvellement, un justificatif de ressources est en revanche exigé. Le processus administratif est donc simplifié, sans pour autant être désorganisé. Cette approche souple vise à refléter les flux réels entre les deux pays, notamment dans des zones comme Rosso ou Nouadhibou, où les familles sénégalo-mauritaniennes sont nombreuses et les échanges quotidiens.
Une diplomatie de proximité sur le terrain
L’accord ne se limite pas à des lignes dans un texte officiel. Il est suivi, vulgarisé, expliqué sur le terrain par des missions mixtes. À Rosso comme à Nouadhibou, les autorités sénégalaises sont allées à la rencontre des ressortissants pour présenter les implications concrètes du dispositif. Au-delà des aspects juridiques, d’autres sujets essentiels ont été abordés avec les communautés : accès au logement, rapatriement des corps, obtention de documents administratifs, soutien au retour volontaire.
Le Fonds d’Appui à l’Investissement des Sénégalais de l’Extérieur (FAISE), dirigé par Khouraichi Thiam, a accompagné cette démarche par des actes forts. Neuf groupements locaux ont reçu un financement de 15 millions FCFA à Nouadhibou, sur une enveloppe globale de 50 millions prévue pour la mission. Cette stratégie associe donc diplomatie, solidarité et développement économique, renforçant le sentiment d’appartenance des Sénégalais établis en Mauritanie.
Vers une intégration pragmatique et équilibrée
Derrière la technique administrative se dessine une ambition claire : construire un espace de confiance mutuelle entre deux peuples liés par l’histoire, les flux et les ressources. Le gaz offshore n’est pas le seul socle de la coopération. La vie quotidienne, les échanges commerciaux, les projets familiaux exigent eux aussi des cadres clairs. Cet accord s’attaque justement à ces zones grises du vécu transfrontalier, souvent régies par l’incertitude, l’informalité ou la peur des expulsions.
D.M.
Source : La Nouvelle Tribune
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com