Lauthentic.info – Le concert organisé par le Festival Assalamalekum la nuit du samedi 28 juin 2025 n’a pas connu que des instants de bonheur. Son promoteur, Limam Kane dit Monza, a dû interrompre le show au milieu d’une vive tension. Furieux, il avait crié que la police a saboté son évènement en permettant un afflux massif de jeunes par des entrées non autorisées et sans fouille méthodique pour éviter l’entrée d’armes blanches.
Le même jour, Monza a dû également batailler dur pour lever l’embargo qui lui a été lancé par le Wali de Nouakchott-Nord, qui refusait l’utilisation du stade malgré les autorisations du Ministère de la Culture et celle du Ministère de l’Intérieur. La bataille pour l’occupation du Stade Olympique a été gagné in extremis aux dernières heures avant le début du concert le plus populaire du pays, celui qui draine chaque année et aux mêmes dates la jeunesse mauritanienne.
Il faut dire que le festival dérange mais parvient toujours à avoir le dernier mot. La sortie furieuse de Monza au Ministère de la Culture après 18 ans de combat, a fait le tour des cercles avertis. En effet, malgré son ampleur et son apport dans le domaine culturel, socioéducatif et social tout court, le festival Assalamalekum aurait sous d’autres cieux été perçu comme un don de dieu dans un univers culturel fermé. La subvention arrachée cette année est le couronnement de plusieurs années de frustration.
Par-delà l’apport qu’il apporte sur le plan événementiel et dans le domaine des cultures urbaines, le secteur le plus attractif pour la jeunesse, Limam Kane dit Monza est également un ambassadeur itinérant qui a lutté sur tous les fronts dans le domaine de la diplomatie culturelle.
Pour preuve, son intervention très discrète lors de l’allocution du Ministre de la Culture, Houcein Ould Medou, en marge de la 10ème session des partis à l’accord de 2025 sur la protection et le renforcement de toute forme d’expression et qui s’est déroulé du 18 au 20 juin 2025 à l’Unesco. La salle s’était vidée lors de l’allocution du ministre et c’est grâce à un message de Monza envoyé à ses collègues de l’Unesco que ceux qui étaient sortis sont revenus à la salle. Il aurait été en effet humiliant que le ministre de la Culture de la Mauritanie parle dans une salle vide.
D’autres actions discrètes ont été menées par Monza, notamment dans le renforcement des liens entre la Mauritanie et l’Algérie, pour ne citer que celui-là.
Une personnalité d’une telle envergure internationale est pourtant malmenée dans son propre pays, alors que plusieurs pays de la sous-région lui ont demandé de délocaliser le festival chez eux. Et Monza a toujours refusé. Comme il a toujours refusé de prendre la nationalité française bien que sa femme et ses enfants qui vivent à Paris sont français.
Son sens du patriotisme et d’amour pour son pays, la Mauritanie, est paradoxalement ignoré par ceux qui dirigent le pays, en particulier les fonctionnaires du Ministère de la Culture dont la plupart n’ont aucune formation.
Il faut souligner que le concert du samedi 28 juin a été un franc succès avec l’affluence de plusieurs milliers de jeunes venus de tous les recoins du grand Nouakchott. Les prestations ont été nombreuses et beaucoup d’artistes locaux ont du puiser dans leur fond musical pour remuer la foule. Grâce au partenariat entre le festival et son sponsor, Mauritel, des dizaines de cadeaux ont été distribués.
Peu avant le début du concert, Monza avait diffusé sur les réseaux sociaux un appel aux jeunes, les appelant à faire de cet évènement, un espace de respect, de paix et de fierté nationale.
Cheikh Aïdara
Source : Lauthentic.info (Mauritanie) – Le 29 juin 2023
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