
Agence de Presse Africaine – Usage en hausse, trafics diversifiés, substances nouvelles : le continent africain fait face à une menace croissante, selon le rapport 2025 de l’ONUDC publié jeudi 26 juin.
L’Afrique enregistre une progression inquiétante de l’usage de drogues, dans un contexte mondial marqué par une diversification des marchés, une intensification des trafics et une mutation des produits consommés. C’est ce que révèle le Rapport mondial sur les drogues 2025 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié jeudi 26 juin.
À l’échelle mondiale, le cannabis reste la drogue la plus consommée : 243 millions de personnes, soit 4,6 % de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans, en ont fait usage en 2023. En Afrique, la prévalence a atteint environ 10 % en Afrique australe et en Afrique de l’Ouest et du Centre, soit plus du double de la moyenne mondiale. Le cannabis est aussi la principale substance problématique pour 32 % des personnes traitées pour troubles liés à la drogue sur le continent.
Les saisies mondiales de cannabis restent importantes, avec une chute après 2020 suivie d’un rebond en 2023. L’Afrique a représenté 44 % des saisies mondiales d’herbe et de résine cette année-là, devant les Amériques, l’Asie et l’Europe. L’Afrique du Nord demeure une plaque tournante du trafic de résine vers l’Europe occidentale.
Concernant les opioïdes, environ 59 millions de personnes dans le monde (1,1 %) en ont consommé en 2023, dont 30 millions d’usagers d’opiacés comme l’héroïne. L’usage reste stable à l’échelle mondiale, mais deux épidémies régionales persistent : celle des fentanyls en Amérique du Nord, et celle du tramadol en Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre, ainsi qu’au Proche et Moyen-Orient. En Afrique, 57 % des opioïdes pharmaceutiques saisis dans le monde l’ont été entre 2019 et 2023, en grande partie à cause du tramadol.
Fait marquant, alors que les saisies d’héroïne ont diminué dans la plupart des régions, elles ont augmenté en Afrique en 2023. L’héroïne d’Asie du Sud-Ouest transite par l’Afrique de l’Est vers d’autres sous-régions africaines et vers les marchés de consommation européens.
La cocaïne, consommée par 25 millions de personnes dans le monde (0,44 %), connaît une hausse globale. Sa fabrication a atteint 3 665 tonnes en 2023, un record historique. Les saisies ont triplé en dix ans, mais l’offre continue de croître. En Afrique, la demande augmente selon les données de traitement disponibles. Au moins 4 550 personnes ont été traitées pour troubles liés à la cocaïne ces dernières années, principalement en Afrique de l’Ouest, du Centre et australe. La région, surtout l’Afrique de l’Ouest, est un point de transit majeur vers l’Europe.
Les stimulants de type amphétamine touchent 31 millions de personnes (0,6 %) dans le monde, avec une prévalence plus élevée chez les hommes (0,7 % contre 0,3 % pour les femmes). Les NSP (nouvelles substances psychoactives), bien que moins répandues, se diversifient. En Afrique, l’usage de khat est répandu en Afrique de l’Est, tandis que les NSP de synthèse sont surtout signalées en Afrique australe. En 2023, les saisies de khat et de cannabinoïdes de synthèse ont fortement augmenté en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec la circulation du « kush », mélange contenant des nitazènes, opioïdes de synthèse très puissants.
Sur le plan sanitaire, 1,33 million de personnes s’injectent des drogues en Afrique, dont 204 000 vivent avec le VIH (15,4 %). L’Afrique de l’Ouest et du Centre présente la prévalence d’injection la plus élevée du continent (0,21 %), tandis que l’Afrique australe enregistre la plus forte prévalence de VIH parmi les injecteurs (43,2 %).
L’ONUDC souligne aussi une forte disparité entre hommes et femmes : dans l’usage de cannabis en Afrique, on compte une femme pour neuf hommes. La majorité des personnes traitées ont moins de 35 ans, et les traitements concernent principalement le cannabis et les opioïdes.
Enfin, l’accès aux médicaments antidouleur et de soins palliatifs reste critique : en 2023, l’Afrique de l’Ouest et du Centre n’a enregistré que sept doses standard par million d’habitants par jour, le niveau le plus bas au monde.
Dans un contexte où le marché mondial des drogues se complexifie, l’Afrique apparaît de plus en plus comme un maillon central et vulnérable du système global de production, de transit et de consommation.
Source : Agence de Presse Africaine (APA)
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