Mauritanie : quand la religion est utilisée pour blanchir l’argent sale 

Incontestablement la corruption économique est la plus apparente sur la scène nationale. La corruption spirituelle est souvent invisible et dépasse largement les conséquences économiques classiques. La couverture de république islamique facilite le glissement de la corruption économique à la corruption spirituelle. 

C’est la légitimation morale de l’injustice qui est pointée du doigt par les observateurs. Les Mauritaniens ne sont pas dupes que des fonds publics continuent de servir à des constructions de mosquées ou de financements du pèlerinage. Ces pratiques sont généralement considérées comme des œuvres de bienfaisance pieuse plutôt qu’une fraude. Cela crée une confusion entre piété apparente et intégrité. La religion est ainsi utilisée pour blanchir l’argent sale à travers la Zakat ou l’aumône légale, le troisième pilier de l’islam, la prêche ou les pèlerinages. C’est l’affaiblissement de l’autorité morale qui prend de sérieux coups.

Les Oulémas et Imams ferment les yeux sur l’origine des dons ou bénissent des actes de charité financés par des fonds illicites perdant ainsi leur rôle de guides religieux. La corruption spirituelle ne salit pas seulement les finances publiques, elle empoisonne les consciences. Elle transforme la foi censée être un levier de justice en outil de camouflage et de domination. Ce glissement de la corruption matérielle vers une forme plus insidieuse, celle qui touche les consciences, est peut-être le plus grand défi pour la Mauritanie.

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 24 juin 2025)

 

 

 

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