Les pays arabes tétanisés face à l’offensive israélienne contre l’Iran

L’Irak, la Jordanie et les pays du Golfe, qui accueillent des bases militaires américaines sur leur sol, craignent des représailles de Téhéran contre l’Etat hébreu et son allié américain.

Le Monde – Prompte et cinglante, la condamnation par l’Arabie saoudite des frappes menées par Israël contre l’appareil dirigeant de la République islamique et son programme nucléaire, dans la nuit de jeudi 12 à vendredi 13 juin, qualifiées d’« agressions flagrantes » contre un « pays frère », traduit la fébrilité qui a gagné le Moyen-Orient. Le scénario tant redouté d’une déstabilisation régionale, dans le sillage de la guerre dans la bande de Gaza, prend forme, alors que le face-à-face belliqueux qui oppose Israël à l’Iran depuis octobre 2023 se transforme en déflagration majeure.

L’Irak, la Jordanie et les monarchies du Golfe, qui accueillent des bases américaines sur leur sol, sont tétanisés à la perspective de représailles de Téhéran contre l’Etat hébreu et son allié américain. Vendredi matin, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a promis d’infliger une « punition sévère » à Israël. Deux jours plus tôt, son ministre de la défense, le général Aziz Nasirzadeh, avait prévenu que, si un conflit était imposé à Téhéran, « l’Amérique devrait quitter la région car toutes ses bases sont à portée de l’Iran. (…) Nous les ciblerons dans tous les pays hôtes sans hésitation », avait-il ajouté.

L’administration du président Donald Trump, qui a veillé vendredi à se distancier de cette « action unilatérale d’Israël contre l’Iran », avait annoncé, la veille, réduire la présence de son personnel non essentiel au Moyen-Orient, ainsi que celle de leurs proches, en anticipation d’une attaque israélienne.

L’agence des opérations commerciales maritimes britannique, un organe basé au Moyen-Orient et supervisé par la marine du Royaume-Uni, a appelé les navires à la prudence dans le golfe Arabo-Persique, le golfe d’Oman et le détroit d’Ormuz. Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman Al Saoud (« MBS »), a annulé son déplacement au Canada, où il devait participer au sommet du G7, du 15 au 17 juin.

Antagonisme viscéral à l’égard de Téhéran

Vendredi matin, la Jordanie a annoncé avoir intercepté des missiles et des drones iraniens qui sont entrés dans son espace aérien, supposément en direction d’Israël. Le Royaume hachémite avait prévenu au préalable qu’il n’autoriserait aucune violation de son espace aérien, désormais fermé, dans le cadre d’un quelconque conflit. Il avait procédé à des interceptions similaires lors des précédentes confrontations entre l’Etat hébreu et l’Iran, en avril et en octobre 2024, au motif de protéger son territoire. Les pays du Golfe auraient quant à eux autorisé, en avril, les Américains, les Britanniques et les Français à utiliser leurs bases dans la région pour déployer leur dispositif aérien et naval, voire contribué au renseignement et à la surveillance, pour déjouer la riposte iranienne contre Israël.

La Jordanie et les pays du Golfe ont néanmoins exclu de rejoindre l’« alliance stratégique contre [la] menace iranienne » que le ministre de la défense israélien de l’époque, Yoav Gallant, avait alors appelée de ses vœux, préférant conserver leur neutralité dans le conflit qui oppose l’Etat hébreu à l’Iran. Animés par un antagonisme viscéral à l’égard de la République islamique, qui a fait preuve, depuis la révolution de 1979, d’une volonté expansionniste dans la région, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont tiré les leçons de leur soutien opiniâtre à la politique de pression maximale contre l’Iran adoptée par Donald Trump durant son premier mandat présidentiel (2017-2021).

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 (Beyrouth, correspondante)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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