Un rapport international alerte sur les menaces pesant sur l’intégrité des élections dans le monde

Basé à Stockholm, l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale constate que 40 % des scrutins nationaux organisés en 2024 ont fait l’objet d’« une forme ou d’une autre de contestation de la crédibilité du résultat ».

Le Monde  – Quelle meilleure occasion que la « super-année électorale » de 2024 pour tester la résilience d’un des piliers fondamentaux de la démocratie ? Cette année-là, 4,1 milliards de personnes dans le monde étaient appelées aux urnes, soit la moitié des habitants de la planète. Quelque 1,6 milliard d’électeurs ont pu exprimer leur voix lors de 74 élections nationales. Sans surprise, dans un contexte où de nombreux indicateurs pointent vers un déclin de la démocratie, l’analyse du déroulement de ces scrutins confirme la tendance.

« Jamais les élections n’ont été confrontées à un ensemble de défis aussi complexes et redoutables qu’aujourd’hui, qu’il s’agisse de campagnes de désinformation, de perturbations dues à des phénomènes climatiques extrêmes ou de déni pur et simple des résultats électoraux », observe Kevin Casas-Zamora, le secrétaire général de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), en introduction d’un rapport publié lundi 9 juin, à la veille de l’ouverture conférence internationale sur l’intégrité des élections, qui se tiendra à Stockholm, du 10 au 12 juin.

Dans ce rapport, l’IDEA commence par rappeler qu’un électeur sur trois vit dans un pays où la qualité des élections s’est dégradée entre 2019 et 2024. Dans ce contexte, environ 40 % des votes nationaux, organisés dans 63 pays en 2024 ont fait l’objet « d’une forme ou d’une autre de contestation de la crédibilité du résultat, allant du boycott au rejet du résultat par certains partis politiques ».

« Utilisation agressive de la désinformation »

Parmi les principales menaces contre l’intégrité du processus électoral, l’IDEA souligne la désinformation, observée dans 80 % des pays. Un phénomène qui montre « comment l’approche déréglementée des plateformes de médias sociaux, l’utilisation agressive de la désinformation et la difficulté de tracer les flux financiers créent des défis importants » face auxquels il est de plus en plus compliqué d’assurer « des conditions de concurrence équitables pour les candidats aux élections », estime l’institut.

Autre sujet d’inquiétude : l’adoption de réformes électorales, en Géorgie ou en Tunisie, par exemple, juste avant la convocation d’élections, avec l’objectif de « consolider le pouvoir en place ». Ces réformes s’inscrivent dans un mouvement plus large, ayant pour but de « réduire les garanties de contrôle démocratique, que ce soit en visant les médias, la société civile, l’opposition politique ou la communauté internationale ».

Des cas de fraude électorale ont aussi été constatés : un « problème vivace » au niveau local, indique le rapport, mais observé aussi lors de 17 scrutins nationaux en 2024, incluant l’achat de votes et diverses malversations financières, dans des pays tels que la Mauritanie et le Pakistan. Le cas le plus inquiétant est celui du Venezuela, où la victoire du président sortant, Nicolas Maduro, réélu pour un troisième mandat en juillet 2024, et contestée par l’opposition, n’a pas pu être confirmée.

Menaces contre les candidates

L’IDEA alerte aussi sur la violence qui s’est manifestée, en marge des élections, dans de nombreux pays, avec des attaques visant des candidats en Mongolie, en Slovaquie, en Afrique du Sud, en Corée du Sud ou aux Etats-Unis ; mais aussi des heurts entre les militants de différents partis en Inde et des menaces contre les agents électoraux, au Ghana, à Madagascar et aux Etats-Unis.

Observée dans 28 pays, la violence contre les femmes est un problème en soi. Au Mexique, les candidates ont été victimes « de manière disproportionnée de menaces et d’attaques armées, s’étendant souvent à leurs enfants et à leur famille », rapporte l’IDEA. Et alors que la représentation des femmes, au niveau parlementaire, a augmenté dans 22 pays, elle décline dans 27 autres. Par ailleurs, en 2024, seulement cinq candidates ont remporté des élections présidentielles, organisées dans 33 pays.

Le rapport, enfin, s’intéresse à l’impact des « risques naturels » sur les élections et rapporte que 15 pays ont été touchés « par des catastrophes météorologiques, hydrologiques, climatologiques ou géophysiques » pendant les périodes électorales. Des phénomènes – inondations, vagues de chaleur, tempêtes tropicales – dont l’IDEA souligne qu’ils devraient augmenter en intensité et en fréquence, en raison du changement climatique, nécessitant que « les décideurs politiques et les responsables de l’organisation des élections prennent en compte l’adaptation au climat dans leur planification électorale ».

 

 

 (Malmö (Suède), correspondante régionale)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

 

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