
Seneplus – L’écrivain guinéen Tierno Monénembo a livré un réquisitoire sans concession contre le régime de transition dirigé par Mamadi Doumbuya lors d’une récente interview sur TV5 Monde Afrique. L’auteur dénonce ce qu’il considère comme la sixième tyrannie que connaît la Guinée depuis son indépendance.
Monénembo critique vivement le projet de nouvelle constitution qu’il qualifie de « boubou constitutionnel cousu sur mesure » pour le président de transition. Il dénonce notamment la suppression des articles qui interdisaient aux dirigeants actuels de se présenter aux futures élections présidentielles.
« Je doute du régime lui-même, de sa bonne foi, de son intention », affirme l’écrivain, qui ne croit pas à la tenue des élections promises. Selon lui, le pouvoir cherche à se maintenir « par tous les moyens, surtout par le moyen de la répression ».
L’auteur dresse un tableau sombre de la situation actuelle : disparitions quotidiennes, exécutions, interdiction des manifestations et emprisonnement d’opposants. Il compare cette période aux « années noires du temps de Sékou Touré », évoquant un « régime Sékou Touré bis ».
En mai 2024, Monénembo a été victime d’un cambriolage particulièrement troublant. Seul son ordinateur, contenant le manuscrit d’un roman sur lequel il travaillait depuis trois ans, a été dérobé. Malgré une récompense de 5000 euros proposée pour récupérer cet ordinateur d’une valeur de 300-400 euros, personne ne s’est manifesté.
L’écrivain soupçonne fortement un lien avec ses positions politiques critiques, d’autant que les autorités n’ont donné aucune suite à l’enquête et n’ont même pas répondu aux sollicitations d’une association créée pour retrouver le manuscrit.
Malgré ce vol et les menaces, Tierno Monénembo continue d’écrire et a déjà rédigé une centaine de pages d’un nouveau roman. « Il faut se battre par tous les moyens », affirme-t-il, privilégiant pour l’instant « le discours politique » et « l’argumentation » pacifique.
L’écrivain maintient son engagement critique, estimant qu’il n’y a « aucune intention de la part du gouvernement d’assouplir sa position » et appelant à trouver des moyens d’interrompre ce qu’il qualifie de « cercle vicieux » tyrannique.
Source : Seneplus (Sénégal)
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