Mauritanie – « L’absence du Premier ministre à la prière de l’Aïd ne constitue ni un vide institutionnel ni une défaillance protocolaire. »

Cette année, la prière s’est tenue en l’absence du Chef de l’État, en déplacement à La Mecque pour accomplir le Hajj. Or, le protocole repose sur la présidence du Chef de l’État dans les événements d’unité nationale à forte charge symbolique. Son absence suspend de facto la mécanique protocolaire habituelle, sauf désignation explicite d’un représentant officiel.

Dans ce contexte, aucune disposition protocolaire ne prévoit que le Premier ministre assure une suppléance automatique ou implicite. La délégation de cette représentation nécessite un acte clair : décret, instruction écrite ou communication présidentielle validée par les services du protocole. En l’absence de telle désignation, le protocole interdit toute auto-substitution, même en cas de vide apparent.

Le Premier ministre, en vertu de son rang dans l’ordre de préséance, ne peut s’engager dans un espace symbolique comme représentant du Président de la République sans un mandat exprès. Sa présence dans un lieu aussi symbolique que la Mosquée Ibn Abbas, en tête de cortège, eût été perçue comme une prise de position non validée, voire un acte de surreprésentation.

Le protocole repose sur l’ordre, la rigueur, la légitimité des postures. Par conséquent, le fait que le Premier ministre ne soit pas apparu aux côtés de la délégation restreinte conduite par le Secrétaire général du ministère des Affaires islamiques traduit un respect strict du schéma protocolaire : ne pas occuper une place qui n’a pas été assignée.

Le dispositif protocolaire prévoit que le Wali, en tant que représentant permanent du Président de la République dans son ressort, assure la représentation locale dans les cérémonies d’importance, lorsque le Chef de l’État ou un membre du gouvernement est absent. Cela est d’autant plus valable pour des cérémonies à caractère religieux, non assorties d’une dimension politique immédiate.

La présence du Secrétaire général du ministère concerné, appuyée par le Wali, suffit à donner au rituel sa coloration institutionnelle minimale, sans verser dans l’excès de représentation ni dans la vacance symbolique.

Dans un État républicain à référentiel islamique, le protocole est le filtre de la visibilité du pouvoir. Il empêche la confusion entre l’engagement religieux et la représentation institutionnelle. Il protège l’image de l’État en empêchant les interprétations abusives.

L’absence du Premier ministre à la prière de l’Aïd ne constitue donc ni un vide institutionnel ni une défaillance protocolaire. Elle répond à une logique de rigueur dans la représentation, de respect de la hiérarchie des mandats, et d’élégance administrative dans un contexte de vacance présidentielle temporaire.

 

 

Mohamed Ould Echriv Echriv

 

 

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