Agence de Presse Africaine – Le Premier ministre sénégalais a effectué une tournée de plusieurs semaines au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée et en Sierra Leone pour relancer les coopérations bilatérales et promouvoir l’intégration régionale dans le cadre de la nouvelle diplomatie panafricaniste de Dakar.
Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a mené une tournée diplomatique intensive de plusieurs semaines en Afrique de l’Ouest, visitant successivement le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée et la Sierra Leone. Cette séquence diplomatique marque une réorientation stratégique de la diplomatie sénégalaise sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, privilégiant l’intégration sous-régionale et le renforcement des liens de solidarité panafricaine.
Sierra Leone : vers un corridor maritime Dakar-Freetown (3 juin)
Dernière étape de sa tournée, Ousmane Sonko a été reçu mardi 3 juin par le président Julius Maada Bio au palais présidentiel de Freetown lors d’une visite officielle de 24 heures. Arrivé lundi soir à Freetown, le chef du gouvernement sénégalais était accompagné d’une forte délégation composée des ministres de l’Économie, de l’Énergie et des Pêches. Il a été accueilli à l’aéroport par le vice-président Mohamed Juldeh Jalloh, suivi d’un dîner officiel organisé en son honneur.
Après un entretien en tête-à-tête, une réunion élargie aux délégations respectives a permis d’examiner les perspectives de coopération bilatérale. Transmettant les salutations du président Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko a plaidé pour l’ouverture d’un « corridor maritime Dakar-Freetown », estimant que la proximité géographique entre les deux pays devrait favoriser les échanges commerciaux et humains. Le président sierra-léonais a salué cette initiative et s’est dit disposé à approfondir les relations avec Dakar dans divers domaines d’intérêt commun.
Guinée : « Je suis ici chez moi » (1er-2 juin)
Avant Freetown, le Premier ministre sénégalais a effectué une visite de travail et d’amitié de 48 heures à Conakry, arrivant dimanche 1er juin dans l’après-midi. Il a été accueilli par son homologue guinéen Amadou Oury Bah, qui a organisé un dîner en son honneur et transmis les salutations du chef de l’État guinéen, le général Mamadi Doumbouya.
« Ce séjour de travail est l’occasion de raffermir les liens de solidarité et de coopération entre nos deux peuples, qui sont des peuples frères », a déclaré Amadou Oury Bah, ajoutant : « Les deux peuples, le Sénégal et la Guinée, c’est pratiquement la même histoire. Je suis personnellement le symbole de cette symbiose, puisque je suis aussi largement du Sénégal. »
Ousmane Sonko a adopté un discours particulièrement marqué sur l’unité africaine : « Je suis ici chez moi. Je ne viens pas en tant que Sénégalais. Je n’ai jamais cru sérieusement aux frontières artificielles qui nous ont été imposées, même si on doit faire avec, à partir du moment où, l’année des indépendances, nous avons convenu de les maintenir dans un souci simplement de rationalité et d’organisation. » Il a souligné que « les communautés guinéennes établies au Sénégal depuis des décennies, et les communautés sénégalaises en Guinée, ne se considèrent pas comme étant de nations différentes. »
Le Premier ministre sénégalais a insisté sur la dimension économique : « Je suis là particulièrement pour continuer à consolider ces relations dans le sens bien compris du renforcement des actes de coopération économique. Ma conviction, c’est qu’ensemble, en mutualisant nos efforts, nos ressources, nos expériences, nous pourrons faire énormément plus que ce que nous avons fait jusqu’à présent. »
Côte d’Ivoire : un partenariat sur le modèle franco-allemand (29 mai-1er juin)
La visite de trois jours en Côte d’Ivoire (29 mai au 1er juin) constitue selon les experts un tournant stratégique dans la diplomatie sénégalaise. Le Dr Alioune Aboutalib Lô, chercheur au Centre AKEM d’Istanbul, analyse cette mission comme illustrant parfaitement la volonté de Dakar de bâtir avec Abidjan un partenariat sur le modèle franco-allemand.
Ousmane Sonko et son homologue ivoirien Robert Mambé ont annoncé la « réactivation et la relance de la Commission mixte sénégalo-ivoirienne » pour « impulser une nouvelle dynamique » dans les six mois à venir. Cette décision s’inscrit dans la relance des Commissions mixtes de coopération « restées inactives depuis longtemps avec les différents partenaires » du Sénégal.
Les deux dirigeants ont décidé que les différents ministres « doivent désormais échanger, même dans les domaines législatifs et réglementaires » et que « les textes qui sont pris de part et d’autre puissent être partagés, parce qu’on doit s’inspirer mutuellement de nos bonnes pratiques et de nos réussites. » Ils ont également convenu de « rendre cette coopération-là, la plus fluide possible, qu’elle se déroule au quotidien désormais ; que les échanges ne soient plus beaucoup ou trop protocolaires, mais qu’ils soient fluides et naturels. »
Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont les deux plus grandes économies de l’UEMOA, représentant « à eux deux plus de 60% du PIB de l’Union ». Ousmane Sonko a souligné que « la Côte d’Ivoire représente dans la sous-région, un poids économique, deuxième puissance économique au sein de la Cédéao et la première dans l’espace UEMOA. »
Malgré ce potentiel, les échanges commerciaux restent faibles : « environ 160 milliards de FCFA, moins de 175 millions de dollars » selon le Dr Lô. Les deux parties ont convenu d’« avancer sur un certain nombre d’écrits que nous avons relevés, les barrières douanières, les tracasseries, et les contraintes commerciales qui existent qu’il faut lever le plus rapidement possible. »
Domaines de coopération prioritaires
Les discussions ont couvert « les questions de sécurité, de l’exploitation des ressources halieutiques, des échanges commerciaux, des nouvelles technologies, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de la transformation des produits, de l’industrialisation et de l’élevage. »
Sur les ressources halieutiques, Robert Mambé a reconnu que « la Côte d’Ivoire peut bénéficier largement des compétences du Sénégal dans le domaine halieutique et la pêche artisanale pour bonifier les résultats que nous avons. » Le « secteur privé » jouera « un rôle essentiel » et sera « chargé d’accélérer cette coopération en renforçant le volume des échanges, en les améliorant et en identifiant de nouveaux domaines de coopération. »
Robert Mambé a rappelé que « depuis les indépendances, nous avons établi plus de 40 accords qui sont des accords dynamiques et qui méritent d’être renforcés. » Ousmane Sonko a évoqué que « les premiers accords entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont eu lieu en 1971 », ajoutant que « notre responsabilité, aujourd’hui, est de hisser cette coopération à un niveau jamais égalé. »
Durant son séjour, le Premier ministre sénégalais s’est rendu le samedi 31 mai à Bouaké, métropole du centre ivoirien, où il a visité le CHR et le Stade de la paix.
Burkina Faso : hommage à Thomas Sankara et coopération sécuritaire (17 mai)
Le Premier ministre sénégalais avait débuté sa tournée par une visite de 48 heures au Burkina Faso, où il a rencontré samedi 17 mai son homologue burkinabè Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, au lendemain de son entretien avec le président Ibrahim Traoré.
Selon un communiqué conjoint parvenu à APA, les deux délégations ont tenu une séance de travail couvrant « la diplomatie, la défense, la sécurité, la culture, le sport, le commerce, l’économie et les finances. » Les deux chefs de gouvernement ont salué « la qualité de la coopération bilatérale, fondée sur des liens historiques et culturels solides, marqués par l’attachement aux valeurs de paix, de solidarité et de panafricanisme. »
Source : Agence de Presse Africaine (APA)
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