
L’indignation autour de l’accolade entre Aïssata Lam — femme noire, engagée et compétente — et un candidat qu’elle a soutenu activement, révèle une hypocrisie profonde. Ce geste anodin, s’il avait été posé par une femme beïdane, on aurait entendu : « Mint Amou ou Khalto », et l’affaire serait passée inaperçue. Mais venant d’une femme noire, il déclenche une vague de commentaires racistes et sexistes.
Ce lynchage moral n’a rien à voir avec la morale : il révèle un ordre social qui tolère difficilement qu’une femme noire occupe l’espace public autrement qu’en figurante.
Aïssata Lam, célébrée hier comme symbole d’excellence, est aujourd’hui prise pour cible. Pourquoi ? Parce qu’elle a osé exister en dehors des rôles assignés. Parce qu’elle refuse de se limiter à applaudir. Son activisme médiatique dérange une société où les Noirs sont encore trop souvent utilisés comme accessoires électoraux, folklorisés pendant les campagnes, puis ignorés — voire méprisés — une fois les élections passées.
Le régime en place perpétue ce schéma : il mobilise une partie de la population noire pour « faire l’ambiance » autour de candidats, mais sans leur reconnaître aucun droit à la parole ou à la décision. Aujourd’hui encore, des responsables noirs sont sommés, sans qu’on leur demande leur avis ou leur accord, de soutenir Ould Tah sur ordre de Ghazouani — comme si leur rôle se limitait à obéir et valider des choix faits sans eux.
La preuve que quand nous ne sommes pas autour du mangeoire, nous sommes au menu.
Ce que subit Aïssata Lam dépasse sa personne : c’est le reflet d’un système de domination raciale et sociale, tenace, où toute tentative d’émancipation noire est perçue comme une menace.
Wetov.
SY Mamadou
(Reçu à Kassataya.com le 01 juin 2025)
Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com