
Dire ce qui fâche, poser les vraies questions : c’est mon bon plaisir. Et il va falloir vous y faire.
Je ne suis ni prédicateur, ni tribun, ni guide suprême de la vérité. Mais je suis de ceux qui refusent de se taire quand tout le monde chuchote. De ceux qui dérangent dans un pays où la bienséance est devenue une forme raffinée d’hypocrisie, où dire la vérité est perçu comme un manque de savoir-vivre, et où le maslaha – ce mot magique – sert de ponctuation à tous les silences complices.
Oui, je porte la contradiction. Oui, je pose les mauvaises questions – ou plutôt, les bonnes, celles que personne ne veut entendre. Et non, je ne parle pas “le mauritanien”, ce dialecte politique où les mots veulent dire leur contraire, où l’on célèbre les bourreaux au nom de l’unité, où l’on maquille les injustices sous le vernis de la paix sociale.
Je suis ainsi. Et cela dérange.
Mais que cela soit clair : je ne parle pas pour avoir raison. Je parle pour que vous puissiez vous faire une opinion, pour ouvrir des fenêtres dans cette pièce close qu’est le débat national. Car en Mauritanie, tout est tabou : l’histoire, l’armée, la langue, la religion, les privilèges, les crimes. Et tout ce qui n’est pas tabou est travesti. À force de consensus creux, on est devenus sourds à la vérité, et aveugles aux évidences.
Alors je parle. Je frappe là où ça fait mal. Je casse les vitrines. Non pas pour le plaisir de casser, mais pour que l’on voie ce qu’il y a derrière : des inégalités, des exclusions, des impostures soigneusement emballées dans du patriotisme frelaté.
Et puisque j’en parle : le patriotisme, le nationalisme, l’amour de la patrie… tout cela, pour moi, ce sont des attrape-couillons. Des slogans vides qu’on agite pour faire taire ceux qui demandent justice. Une mystique fabriquée pour justifier l’injustifiable, exiger le silence des humiliés, et valoriser l’obéissance des moutons.
Mon conseil ? Refusez d’être un troupeau. Refusez ces discours qui flattent vos émotions pour mieux vous priver de raison. Refusez de suivre ceux qui brandissent la nation comme un talisman alors qu’ils l’ont privatisée au profit de leur caste, de leur clan ou de leur tribu.
Posez des questions. Cherchez les fissures. Doutez de ce qu’on vous présente comme évident.
Et surtout : ne me suivez pas. Pensez. Résistez. Et si un jour je dis des foutaises à mon tour, ayez la décence de me le dire.
Wetov.
SY Mamadou
(Reçu à Kassataya.com le 30 mai 2025)
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