
Le Calame – Le Premier ministre Moktar ould Diay a publié une circulaire visant à mettre de l’ordre dans l’achat et l’usage des voitures de l’État. Une décision à saluer, tant le désordre régnant dans ce marché pèse sur le budget de l’État. L’Administration et les établissements publics rivalisent en effet dans une course effrénée à obtenir des 4×4 pour des services parfois injustifiés. Ces très onéreux véhicules de luxe sont utilisés pour aller au bureau dans la capitale et en région.
Le parc de l’État s’est ainsi gonflé de V8 et TX. C’est devenu comme un signe ostentatoire de prestige de nos cadres qui, une fois nommés à la tête d’établissements publics, se hâtent de changer de véhicule de fonction. On voit presque partout dans les parcs des ministères, des établissements publics, des programmes et projets, de ces véhicules SG et IF qui semblent creuser un véritable gouffre financier pour le pays.
En édictant cette circulaire, le PM donne un (petit) coup de pied dans la fourmilière. Pourvu que cela dure et perdure ! C’est un combat de longue haleine contre la gabegie à laquelle se sont habitués les hauts responsables mauritaniens. Peu se soucient du bon usage des deniers publics et ce n’est pas peu dire que voler l’argent public n’est pas illicite dans notre pays. Réputé bosseur et fonceur, ce qui justifie, aux yeux de certains, le choix de Ghazwani à lui confier la direction du premier gouvernement de son second mandat, Moktar ould Diay démarre ici un gros chantier contre les fripouilles de la République.
C’est un défi personnel à mettre à son actif… s’il réussit ce combat contre tant d’adversaires. D’abord au sein de son propre gouvernement, puisque le marché d’achats de véhicules à usage public profite d’abord aux ministres, aux secrétaires généraux, aux chefs de programmes et projets… Presque tous en tirent, non seulement des commissions à l’achat, mais, aussi, à la réforme des véhicules. En quittant leur fonction, certains responsables emportent outre ceux-ci, les ordinateurs, les clims, les téléphones, etc. Leurs successeurs ne pipent mot parce qu’ils ont fait ou feront la même chose. Solidarité et complicité… Les véhicules de l’État étaient, par le passé, mis à la disposition des chefs de tribus, afin de les déposer chez eux à l’intérieur du pays ou carrément en cadeau électoral. À l’intérieur du pays, les walis se servent des véhicules des services déconcentrés pour les besoins de notabilités et de cadres amis venus de Nouakchott ou d’ailleurs.
Des ennemis, en veux-tu, en voilà !
Cet abus sévit aussi au sein des forces de défense et de sécurité dont les chefs utilisent les véhicules de fonction pour surveiller leurs troupeaux avec tel ou tel subalterne au volant. Des chauffeurs sous le drapeau à servir non plus leur pays mais leur patron respectif qui n’hésite même plus à transformer certains d’entre eux en quasi-domestiques, conduisant épouses et enfants au marché, à la plage ou en vacances à l’intérieur du pays.
D’où la question suivante : la circulaire d’Ould Diay touchera-t-elle aussi les forces de défense et de sécurité ? Un gros paquet d’économies en perspective… et de nouveaux ennemis pour le PM qui aura également en découdre avec les divers concessionnaires de véhicules et propriétaires de bourses de voitures luxueuses qui ont tous l’État en principal client et ne manqueront donc pas, à l’instar de certains hauts responsables qui en ont fait leur business, de discréditer la décision salutaire du boss. Celui-ci doit tenir bon et aller plus loin, en retirant purement et simplement les 4×4 des mains de ces irresponsables responsables ; interdire la circulation de ceux-là en dehors des heures de travail ; rationaliser drastiquement le carburant et enfin revoir les critères d’affectations des véhicules aux fonctionnaires et agents de l’État.
Dalay Lam
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