
Sénégal. A Dakar, Ziguinchor, Thiès ou Kaolack, la police et les douanes ont perquisitionné des appartements remplis de liasses de fausse monnaie. Ces répliques de différentes qualités imitaient des francs CFA, mais aussi des euros et des dollars.
– Les saisies de faux billets se sont enchaînées ces dernières semaines auL’une des dernières saisies s’est déroulée dans la nuit du 18 au 19 mai dans un appartement de Keur Massar, dans la banlieue dakaroise. Quatre faussaires ont été surpris en « pleine opération de lavage » au mercure, un processus utilisé par les faussaires, rapporte un communiqué de presse des douanes. Des sachets en plastique remplis de ces billets, dits noirs, « posés négligemment sur le sol », comprenaient 12 724 coupures de 100 dollars et 2 800 coupures de 50 euros. Le tout pour une contre-valeur de 1,6 milliard de francs CFA, soit quelque de 2,4 millions d’euros.
« La plus importante saisie, enregistrée à date, reste celle de la nuit du 1er au 2 mai », note un communiqué des douanes sénégalaises. Celle-ci, effectuée entre les régions de Dakar et de Thiès, avait permis d’intercepter l’équivalent de 7,8 milliards de francs CFA (près de 12 millions d’euros) en fausses coupures de 500 euros et de 100 dollars.
Depuis début 2025, les saisies cumulées de faux billets au Sénégal s’élèvent à près de 20 milliards de francs CFA (quelque 30 millions d’euros), selon un décompte réalisé par Le Monde. En 2024, les douanes avaient déclaré à la presse 11 milliards de francs CFA saisis.
« Une escroquerie bien rodée »
Selon les services douaniers, cette recrudescence s’expliquerait par le « renforcement du maillage du territoire douanier entamé début 2024 », suite à l’arrivée à la présidence de Bassirou Diomaye Faye, qui avait promis de traquer les trafiquants de drogue et le crime financier. « Il y a plus de contrôles », confirme Me Youssoupha Camara, avocat au barreau de Dakar, actuellement chargé de dix dossiers relatifs au faux monnayage.
Selon l’économiste Meïssa Babou, cette augmentation spectaculaire des saisies pourrait également s’expliquer par une hausse effective de la production de fausse monnaie, alors que le contexte économique est difficile et le climat des affaires morose, suite aux nombreux redressements fiscaux et audits qui paralysent certains secteurs d’activité.
Parmi les différents acteurs de cette criminalité figurent notamment des charlatans qui se présentent le plus souvent comme marabouts auprès de leurs victimes et dont l’intention n’est pas forcément de faire entrer les faux sur le marché. « La technique des billets noirs est une escroquerie bien rodée au Sénégal, explique Me Youssoupha Camara. Les escrocs font croire à leur victime qu’en invoquant les djinns [les esprits], ils peuvent transformer ces fausses coupures tachées d’encre en vrais billets de banque, en les lavant avec des produits chimiques. »
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