Mauritanie – ”On ne va pas nous faire croire qu’Aziz était tout seul »

Réflexion sur l’impunité, la responsabilité politique et la faillite morale du système mauritanien.

Il est temps de briser une hypocrisie nationale savamment entretenue : celle qui consiste à faire porter à un seul homme, Mohamed Ould Abdel Aziz, le poids de toutes les dérives d’un système qu’il n’a pourtant pas dirigé seul. « On ne va pas nous faire croire qu’Aziz était tout seul » : cette phrase n’est pas seulement un constat, c’est un cri de vérité, une alarme politique, un appel à la lucidité.

Autour de lui, un bataillon de gnous médiocres et serviles a obéi, signé, approuvé, exécuté. Ce sont ces ministres, ces directeurs, ces parlementaires qui, à l’abri de leurs fonctions, ont participé activement ou passivement au pillage de l’État, à la braderie des biens publics, à l’écrasement des contre-pouvoirs. Aujourd’hui, certains se réfugient derrière le classique « je ne savais pas ». Mais se cacher derrière l’ignorance, c’est douter de notre intelligence, voire nous manquer de respect en tant que peuple.

Il est donc inacceptable que ces anciens ministres convoqués par la Commission d’enquête parlementaire restent en poste, ou continuent à bénéficier des privilèges d’un État qu’ils ont contribué à affaiblir. L’honneur aurait voulu qu’ils démissionnent. Le bon sens, qu’ils soient radiés à vie de la fonction publique.

« Si je ne suis pas d’accord avec quelque chose, je démissionne. On a toujours le libre arbitre de refuser. » Cette maxime devrait être la base morale de tout engagement public. Le problème ? En Mauritanie, des responsables n’assument même pas leur propre signature.

Nous découvrons que des parlementaires godillots ont voté les lois du pillage et celles du silence : autorisations douteuses, ventes opaques, restrictions des libertés. Des écoles et des places publiques bradées, un patrimoine national dilapidé — qui était le ministre de l’Équipement en charge de ces opérations ? Où sont les comptes ? Où sont les excuses ? Où est la justice ?

Pendant ce temps, à la tête de l’État, un président hésitant, passif, dont l’inaction devient sa politique :
« Ghazouani est l’homme des atermoiements. »

« Ne rien faire, ce n’est pas se donner une direction. »

Responsabiliser les ministres est une bonne chose. Mais encore faut-il qu’il y ait un chef d’orchestre. En l’absence de vision, nous vivons une époque d’in-gouvernance, où chaque institution se cherche, où le peuple attend des réponses, où les donateurs injectent des milliards sans qu’on ne sache à quoi ils serviront.

La vérité est plus amère encore : ce système politique repose sur la division, le mépris, l’ignorance de l’autre — voire sa négation. Voilà pourquoi la Mauritanie patine. Voilà pourquoi tant de voix s’élèvent aujourd’hui, dans l’exil ou dans le silence, pour demander vérité, justice et refondation.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. Le réveil est en marche.

« La nuit sera longue, mais le soleil se lèvera. »

Et ce jour-là, ce ne seront pas seulement les voleurs qui seront jugés, mais aussi ceux qui ont regardé ailleurs…

 

 

SY Mamadou

 

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 26 mai 2025)

 

 

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