Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, piégé par Donald Trump

De la Maison Blanche, le président américain a diffusé mercredi devant son homologue sud-africain des vidéos censées étayer des accusations de « génocide » et d’expropriations d’agriculteurs blancs sud-africains. « Non, non, non, non », lui a rétorqué Cyril Ramaphosa, qui dément catégoriquement.

Le Monde – Les internautes ont pu assister en direct à la scène, sur le site de la Maison Blanche. Donald Trump a diffusé, mercredi, devant le président sud-africain Cyril Ramaphosa des vidéos censées soutenir les accusations américaines de « génocide » d’agriculteurs blancs sud-africains. « Ils sont tués », a commenté le président américain devant une vidéo montrant des dizaines de voitures abritant, selon lui, des « familles entières » d’agriculteurs blancs qui fuient leurs terres.

 

M. Trump a dit mercredi vouloir des « explications » du président sud-africain. « En général, ce sont des fermiers blancs qui fuient l’Afrique du Sud, et c’est une chose très triste à voir. J’espère que nous pourrons avoir une explication à ce sujet, car je sais que vous ne le souhaitez pas », a déclaré le président américain, assis aux côtés de son homologue sud-africain dans le bureau Ovale.

Pretoria réfute ces accusations, alors que Washington a accueilli il y a quelques jours des Afrikaners désignés comme « réfugiés » sur son territoire. Le président sud-africain a ainsi démenti mercredi soutenir des expropriations d’agriculteurs blancs en Afrique du Sud. « Non, non, non, non, personne ne peut prendre de terres », a-t-il répondu après que le président américain l’a accusé, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, d’« autoriser » des expropriations d’agriculteurs blancs dans son pays.

« Kill the Boer »

L’ambiance était plutôt détendue dans le bureau Ovale de la Maison Blanche lorsque, tout d’un coup, le président américain a demandé que la lumière soit éteinte avant que des vidéos ne soient diffusées sur un écran.

Sur l’une d’elles, Julius Malema, le leader d’un parti d’opposition de gauche radicale d’Afrique du Sud, qui a réalisé 9,5 % des voix aux élections en 2024, entonne Kill the Boer, un chant hérité de la lutte anti-apartheid, l’ex-régime de la minorité blanche.

Les Boers sont les agriculteurs descendants des premiers colons européens. Le chant est décrié en Afrique du Sud, notamment par le parti de centre droit Alliance démocratique, membre de la coalition au pouvoir, qui demande son interdiction.

M. Trump et M. Ramaphosa, accompagnés de leurs ministres et conseillers, dont Elon Musk, un proche allié du milliardaire républicain, ont regardé dans une ambiance de plus en plus tendue les images accompagnées d’un fort volume sonore.

Le président américain Donald Trump présente des documents lors de sa rencontre avec le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 21 mai 2025.

Une autre vidéo a ensuite été diffusée, montrant des dizaines de voitures abritant, selon Donald Trump, des « familles entières » d’agriculteurs blancs fuyant selon lui leurs terres.

« Ils sont tués », a lancé le président américain, parlant de ces familles. Washington a réitéré ainsi ses accusations de « génocide » des agriculteurs blancs sud-africains, après avoir accueilli il y a quelques jours des Afrikaners désignés comme « réfugiés » sur son territoire.

M. Ramaphosa, resté globalement impassible durant la diffusion de cette vidéo, a dit ensuite n’avoir jamais vu de telles images auparavant, demandant au président américain des précisions sur le lieu exact où les images ont été filmées. S’abstenant de répondre, M. Trump a alors brandi ce qu’il a présenté comme des copies imprimées d’articles de presse rapportant le meurtre de citoyens sud-africains blancs. « Mort, mort », a-t-il dit, en passant d’une feuille à l’autre.

M. Ramaphosa a tenté à plusieurs reprises de prendre la parole sans succès, demandant même à pouvoir parler du sujet « calmement ». « Nelson Mandela nous a appris qu’en cas de problème, les gens doivent s’asseoir autour d’une table et en parler », a-t-il dit.

Alors qu’il quittait la Maison Blanche, le président sud-africain a déclaré à la presse que sa rencontre avec M. Trump s’était « très bien » passée. M. Ramaphosa souhaite, par ailleurs, que son homologue américain assiste au G20 qui aura lieu à Johannesburg en novembre. « J’espère qu’il viendra en Afrique du Sud », a déclaré le président sud-africain.

Il a également déclaré que les deux dirigeants ne s’étaient « pas attardés » sur les accusations de violences à l’encontre des Blancs lors de leur déjeuner et que les deux pays allaient discuter, à l’avenir, de questions commerciales. « Dans l’ensemble, je pense que notre visite ici a été un grand succès », a-t-il jugé.

L’Afrique du Sud, cible de Donald Trump

Depuis son retour au pouvoir en janvier, M. Trump a fait de l’Afrique du Sud l’une de ses cibles favorites, dénonçant la discrimination raciale qui vise selon lui la minorité blanche descendant des premiers colons européens.

M. Musk, homme le plus riche du monde, proche conseiller de M. Trump et lui-même né en Afrique du Sud, était présent dans le bureau Ovale. Le patron de Tesla, SpaceX et X est un chantre très actif des accusations de « lois racistes » qui viseraient la minorité blanche dans son pays natal.

La semaine dernière, les Etats-Unis ont officiellement accueilli 49 Afrikaners reconnus comme « réfugiés », une initiative très mal reçue par Pretoria. M. Trump a également menacé de snober le premier sommet du G20 sur le continent africain en novembre à Johannesburg et a fait expulser l’ambassadeur sud-africain à Washington en mars.

Seuls 7,3 % des Sud-Africains sont blancs, mais cette minorité possède la plupart des terres agricoles, selon les statistiques officielles.

Lors de cette visite, l’Afrique du Sud cherchera en priorité à maintenir ses relations commerciales avec les Etats-Unis face aux droits de douane, afin notamment de protéger ses exportations, avait déclaré mardi le porte-parole de la présidence sud-africaine, Vincent Magwenya. Les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de Pretoria derrière la Chine. La rencontre doit permettre de « remettre à zéro les relations » entre les deux pays, a plaidé le président sud-africain.

M. Ramaphosa était accompagné pour la rencontre de deux champions de golf, Ernie Els et Retief Goosen, ainsi de l’homme d’affaires le plus riche d’Afrique du Sud, Johann Rupert, tous trois afrikaners. Au-delà de cette polémique, l’administration Trump ne décolère pas contre Pretoria en raison de sa plainte pour génocide visant Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ).

 

 

Source : Le Monde avec AFP et Reuters

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page