Abdoulaye Diop : «Le Mali reste ouvert »

Interview avec le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop, sur les relations du Mali avec l'Allemagne mais aussi l'Algérie et les autres pays voisins.

Deutsche Welle – Le Mali reconnaît le sacrifice des soldats et civils tués dans le cadre de la mission des Nations unies Minusma. C’est ce qu’affirme le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, dans une interview exclusive avec la DW.

En visite à Berlin dans le cadre d’un sommet consacré aux opérations de maintien de paix, le ministre malien est allé en Allemagne partager les expériences de son pays avec la Minusma, qu’il qualifie tout de même d’échec. Il revient aussi sur les relations de son pays avec l’Algérie et les autres voisins dans l’Afrique de l’Ouest.

Interview avec Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne

Deutsche Welle : Monsieur le ministre, pourquoi est-ce que vous êtes ici, à cette conférence sur le Peace Keeping, alors que la mission [onusienne de stabilisation du Mali] Minusma est terminée ?

C’est vrai, ça a été une expérience malheureuse pour notre pays et pour les Nations unies parce que la mission est venue pour aider le Mali à sortir d’une situation d’instabilité mais malheureusement, la mission n’a pas atteint ce résultat.

Nous avons été invités pour pouvoir partager l’expérience du Mali, mais surtout en tirer les leçons, Même si ceci n’a pas été un succès, le Mali reconnaît le sacrifice des soldats et des civils qui ont été envoyés pour pouvoir nous apporter leur concours pour la stabilisation de notre pays.

Beaucoup ont perdu la vie. Nous reconnaissons ces sacrifices et nous savons aussi que beaucoup de pays, dont l’Allemagne qui a aussi envoyé un contingent important, elle a perdu les soldats, mais aussi elle est venue de bonne foi pour nous aider, mais malheureusement, l’outil qui est l’opération de maintien de la paix qui a été utilisé n’était pas adapté pour faire face aux menaces et aux  défis sécuritaires auxquels le Mali était confronté.

Deutsche Welle : Est ce que vous cherchez à retrouver un sens de partenariat avec, par exemple, l’Allemagne où de nombreux pays européens avec qui les relations ont été un peu plus froides ces derniers temps  ?

Après l’expérience de la présence des forces internationales, y compris les Nations unies, le Mali a vite compris les limites aussi de ce type  d’intervention qui, dans certains cas, renforçait aussi la dépendance, mais ne répondait pas à la situation.

Dans le sens où ça ne donnait pas les capacités aux Maliens et à l’État malien d’assurer la sécurité, l’État malien est parti pour un changement de paradigme qui fait que la sécurité des Maliens doit être désormais entre les mains des Maliennes et des Maliens.

Deutsche Welle : Et quelle est la situation de cette sécurité, selon vous, actuellement ?

Globalement, nous pensons que la sécurité s’améliore au niveau du Mali.  Pendant la présence des forces internationales, le Mali ne contrôlait pas plus de 40 % de son territoire national. Aujourd’hui, le Mali a le contrôle de l’ensemble de son territoire national.

L’armée et les forces de défense et de sécurité ont reçu des capacités, des moyens importants, elles sont à l’offensive dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Beaucoup de succès ont été remportés, plusieurs terroristes ont été neutralisés, certains se sont rendus et aujourd’hui, nous voyons que dans beaucoup de localités, des personnes déplacées autres commencent à revenir dans leur foyer.

Mais le défi sécuritaire est un défi de long terme. Et le terrorisme, le Mali seul ne peut pas le vaincre, alors pour cela, naturellement, le Mali reste ouvert.

Deutsche Welle : Donc vous restez ouverts ?

Le Mali reste ouvert. Le Mali n’est fermé à aucun pays, aucun partenaire, notamment l’Allemagne qui a été le premier pays qui a quand même établi des relations diplomatiques avec le Mali et avec lequel nous souhaitons maintenir et même renforcer des relations dans tous les domaines. Aujourd’hui, sur le plan bilatéral, rien n’empêche le Mali de continuer à travailler avec l’Allemagne malgré certaines difficultés liées à l’environnement géopolitique.

Deutsche Welle : Certains estiment que  vous misez sur une politique de l’isolationnisme qui pèse un peu sur le pays. Que leur répondez-vous  ?

Je crois que c’est une question de perception. C’est une question de narratif parce qu’il y a   certaines anciennes puissances coloniales qui ont perdu pied au Mali et qui, depuis leur départ, cherchent à tout faire pour essayer d’isoler nos pays. Nos pays n’ont jamais cherché à s’isoler. Nos pays ne sont pas isolés. Autour de nous, dans la région, nous avons des relations de coopération, des relations de bon voisinage avec certains pays. Avec d’autres, il y a des difficultés.

Le Mali,  avec le Burkina et le Niger, a mis en place la Confédération des États du Sahel qui nous permet de travailler dans un cadre régional, avec des organisations comme la CEDEAO. La discussion s’ouvre pour pouvoir gérer nos processus de retrait. Moi, je ne crois pas à cette thèse de dire que nos pays sont isolés, parce que c’est l’objectif que certains poursuivent.

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Christina Gerhäusser

 

 

 

Source : Deutsche Welle (Allemagne)

 

 

 

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