
Info migrants – Plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025. En quatre mois, le pays a aussi démantelé 88 réseaux de passeurs. Nouakchott intensifie ses efforts pour combattre l’immigration irrégulière vers l’Espagne alors que le pays est devenu l’un des principaux points de départs des canots de migrants vers l’archipel des Canaries.
Entre janvier et avril 2025, la Mauritanie a intercepté plus de 30 000 migrants, selon des sources gouvernementales au journal espagnol El Pais. Devenue fin 2023 l’un des principaux points de départ des exilés souhaitant rejoindre l’Europe en traversant l’océan vers les Canaries, la Mauritanie mène depuis le début de l’année une politique migratoire plus stricte.
Conséquence, les arrestations se multiplient. Des contrôles sont menés dans les grandes villes et sur les autoroutes. « Il y a des refoulements tous les jours. La police arrête même des gens dans leurs maisons, des hommes lorsqu’ils vont au travail », racontait le mois dernier à InfoMigrants Abdoulaye Diallo, président de l’association Ensemble pour un avenir meilleur, à Nouakchott.
Et cela se ressent dans les rues de la capitale. « Avant, il y avait beaucoup de taxis, conducteurs de tuks-tuks, tous ces petits jobs occupés par des migrants… Mais maintenant, on remarque vraiment l’absence des migrants dans la ville. Les gens se cachent », expliquait-il.
Une fois arrêtés, les exilés sont emmenés dans des centres de rétention avant d’être expulsés. Les Africains sont envoyés aux frontières avec le Mali et le Sénégal. Les Asiatiques, eux, sont expulsés à travers des vols, selon El Pais.

À Rosso, ville transfrontalière entre la Mauritanie et le Sénégal, des centaines de migrants subsistent des deux côtés de la frontière dans des conditions de vie difficiles. Et les arrivées dans la région continuent à mesure que les refoulements s’intensifient. « Ils manquent d’eau, de nourriture, de médicaments, n’ont pas de logements », alerte un humanitaire mauritanien joint par InfoMigrants. Certains vivent dans un hangar situé près de la frontière avec la Mauritanie. D’autres ont investi, grâce à la Croix-Rouge, un ancien local abandonné du côté sénégalais du fleuve.
Empêcher les migrants d’embarquer vers les Canaries
Le ministre mauritanien de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould, interrogé début mai par des députés au sujet de ces expulsions, s’est défendu en dénonçant « une augmentation sans précédent du nombre d’étrangers en situation irrégulière » dans le pays. Selon lui, il ne s’agit pas de « migration individuelle » mais « d’une activité transfrontalière organisée ».
Au cours du premier trimestre 2025, 88 réseaux de passeurs ont été démantelés. À titre de comparaison, 148 l’ont été sur l’ensemble de l’année 2024.
Le ministre a aussi précisé que ces opérations ne concernaient pas les 300 000 réfugiés et demandeurs d’asile en Mauritanie, dont la plupart sont des Maliens fuyant un conflit dans leurs pays et vivant au camp de Mbera, à la frontière.

L’objectif affiché des autorités est surtout d’empêcher les migrants d’embarquer vers les Canaries depuis les côtes mauritaniennes. La Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, est devenue le principal lieu de départ des canots arrivés dans l’archipel espagnol, selon Helena Maleno de l’ONG Caminando Fronteras. Au cours de l’année 2024, 46 843 exilés ont atteint les Canaries, du jamais vu.
500 corps de migrants retrouvés au large de la Mauritanie en 2024
Les découvertes de cadavres sur les côtes mauritaniennes ces derniers mois confirment que la Mauritanie est désormais largement empruntée par les personnes désireuses de rejoindre l’Espagne via l’Atlantique. Le renforcement des contrôles au large du Sénégal et du Maroc explique, en partie, cette nouvelle tendance.
« En 2024, plus de 500 corps de jeunes Africains ont été repêchés sur nos côtes et plus de 100 depuis le début de cette année [2025]. C’est une tragédie humaine que nous devons affronter ensemble », avait déclaré le ministère des Affaires étrangères mauritanien Mohamed Salem Ould Merzoug lors d’un déplacement au Mali mi-avril. « Il est impératif de combattre ces réseaux criminels et d’encourager une migration régulière, sûre et ordonnée, dans le strict respect des législations nationales et des accords bilatéraux », avait-il ajouté.
Ce tournant dans la politique de Nouakchott s’est opéré suite à la signature en mars 2024 d’un accord avec l’Union européenne, inquiète de voir cette route migratoire se réactiver. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs, construction de centres de rétention et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.
Depuis le début de l’année, le nombre d’arrivées aux Canaries a chuté. Entre le 1er janvier et le 30 avril 2025, 10 538 personnes sont arrivées dans l’archipel, soit une diminution de 33,8% par rapport à la même période en 2024 durant laquelle 15 922 migrants avaient atteint les iles espagnoles.
Source : Info migrants – (Le 14 mai 2025)
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