
Mali (Codem), M. Traoré est l’une des chevilles ouvrières, à Bamako, de la fronde qui monte contre la junte au pouvoir depuis qu’elle a affirmé, le 29 avril, sa volonté de dissoudre les partis politiques et de nommer sans élection son chef, le général Assimi Goïta, président de la République pour cinq ans.
– Abdoul Karim Traoré n’a plus donné de nouvelles à ses proches depuis dimanche 11 mai en fin d’après-midi. Dès lors, ceux-ci redoutent un enlèvement par des membres de la Sécurité d’Etat, les services de renseignement maliens, alors que plusieurs autres opposants ont subi le même sort ces derniers jours. Responsable de la jeunesse du parti Convergence pour le développement duAprès un rassemblement inédit dans la capitale, le 3 mai, durant lequel plusieurs centaines de Maliens ont pour la première fois manifesté leur opposition aux militaires qui contrôlent le pays depuis 2020, parfois aux cris d’« A bas la dictature », les opposants entendaient organiser une grande manifestation sur la place de l’Indépendance, le 9 mai, pour étendre leur mouvement. La mobilisation a finalement été annulée à la dernière minute par ses organisateurs, qui redoutaient des violences entre manifestants pro- et anti-junte.
Face à cette contestation naissante, les autorités ont réagi par la fermeté, en suspendant les activités des partis politiques, et par l’intimidation, en menaçant les opposants de représailles physiques ou en faisant enlever plusieurs d’entre eux par la Sécurité d’Etat.
El Béchir Thiam a été le premier à disparaître. Le 8 mai, ce militant du parti Yelema a été enlevé par des hommes armés à Kati, ville garnison et fief de la junte, à une quinzaine de kilomètres au nord de Bamako, après avoir dénoncé lors d’une réunion publique « l’éternisation de la transition ». Depuis, ses proches ignorent où il se trouve.
« Nous n’allons pas lâcher »
Le même jour, vers 19 heures, Alhassane Abba, le secrétaire général du Codem, était à son tour enlevé à son domicile bamakois par trois hommes en uniforme, armés et cagoulés, qui l’ont forcé à monter dans leur imposant 4×4 Toyota gris sans plaques d’immatriculation – des agents de la Sécurité d’Etat, affirment plusieurs cadres du parti. Présent au côté de l’ancien député de Goundam (nord) lorsque celui-ci a été embarqué, Abdoul Karim Traoré a organisé plusieurs rassemblements pour dénoncer cette arrestation. Il a disparu trois jours plus tard.
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