Arsenal et Barça : le combat des griefs

Arsenal et Barcelone sont persuadés d’avoir été éliminés de la Ligue des champions en étant les meilleures équipes. Une période de remords normale, qui traduit une volonté de tout maîtriser et fait passer leurs (quelques) lacunes au second plan.

So Foot  – La semaine du pas très ouvert Szymon Marciniak n’est pas très sympa. Après avoir officié pendant Inter Milan – FC Barcelone, le Polonais mettra le cap vers l’Albanie pour arbitrer KF Vllaznia – Egnatia Rrogozhinë, avec un dilemme : vaut-il mieux arbitrer une demi-finale de Ligue des champions ou la finale du championnat albanais ? C’est très dur. Depuis l’élimination des Barcelonais par l’Inter Milan (4-3 AP), l’arbitre des finales du Mondial 2022 et de la Ligue des champions 2023 est chahuté. « Je ne veux pas trop parler de l’arbitre, mais chaque décision qui était 50/50 était en faveur de l’Inter. Nous avons tout donné, et cela s’est passé comme cela s’est passé », raconte Hansi Flick. Son milieu Gavi, lui, s’en prend à un méchant hypothétique, façon Trump : « Ils ne voulaient pas que nous atteignions cette finale, car avec la saison que nous vivons, ils avaient peur. » Les fameux« ils » qui tirent les ficelles, surtout les grosses.

Différents acteurs, autres discours, même déception en Angleterre. « Je pense que nous avons été dominants aujourd’hui. Si nous marquons une de ces occasions dans les 15-20 premières minutes, le match change », a analysé Declan Rice, plus subtil que son coach Mikel Arteta : « Nous étions meilleurs qu’eux, a tranché l’Espagnol. Ils ont eu l’homme du match sur les deux manches, et c’était à chaque fois le même : leur gardien de but.  » Si prendre du temps pour accepter un échec peut se concevoir, penser que Paris et l’Inter ne sont pas légitimes d’accéder à la finale l’est moins.

La rage fait vivre

Dans la longue liste des manières de perdre un match de football, perdre en ayant l’air d’avoir gagné est au niveau Expert. Celui où les matchs se jouent à rien, à l’absence d’un avant-centre, à un banc trop juste ou tout simplement à la grandeur de l’adversaire. Contre le PSG ce mercredi, la première demi-heure des Gunners l’incarne. Contre l’Inter ce mardi, la dernière demi-heure du Barça l’incarne. Brillants et dominateurs, Arsenal et Barcelone se sont cassé les dents contre les futurs finalistes, souvent acculés, mais jamais à terre. À bien des égards, ils pensaient gagner (quand Vitinha a raté son penalty), ou étaient même en train de le faire (après le but de Raphinha). Ils y ont cru en multipliant les longues touches. Mais quand la grande faucheuse des trois coups de sifflet a débarqué, tout s’est clarifié. La chute a été brutale. Même Declan Rice a perdu sa classe.

Le lendemain, le journal As s’en est remis aux actions controversées et aux tacles trop permissifs sur Lamine Yamal, lui-même resté discret d’intelligence quand certains de ses coéquipiers préfèrent avoir des points communs avec Vinícius et les insupportables du Real Madrid, c’est-à-dire ne pas beaucoup grandir. Au lieu d’analyser et de célébrer le plaisir de ces deux soirées, les deux produisent une machine à seum, un ressenti qui ne fait que perdre un peu de QI. Faire peser sur un arbitre la responsabilité d’un résultat, aussi important soit-il, exonère les joueurs et ternit la beauté des deux matchs. Il serait vain de bannir les critiques autour de l’arbitrage du football, naïveté caressée par les idéologues de la vidéo, mais cela témoigne surtout de l’égocentrisme de joueurs qui n’acceptent pas la défaite.

Le mythe de la possession

Si Arsenal et Barcelone clament avoir la légitimité pour aller en finale, c’est aussi et surtout parce qu’ils sont persuadés d’avoir été les meilleurs. Ils estiment avoir donné une meilleure définition du jeu. Le plus collectif, le mieux huilé, avec les plus belles possessions. Pour l’un encore plus que l’autre, c’est une obligation mémorielle, un héritage. Déjà, en matière d’esthétique, ces observations sont nuançables. Chaque équipe du dernier carré de la Ligue des champions a atteint un haut niveau de performance, de solidarité et d’abnégation. Mais le Barça est tombé sur Yann Sommer et des vieux briscards, Arsenal sur Gianluigi Donnarumma. Mikel Arteta n’a pas d’Ousmane Dembélé (ni même de Kai Havertz), Hansi Flick n’a pas d’Alessandro Bastoni. Des aléas insupportables à une époque où les enjeux économiques font tout pour les réduire.

L’incapacité qu’ont eue Arsenal et Barcelone à glorifier leurs périodes de domination dans ces demi-finales réside pourtant là-dedans. Un manque d’excellence, des blessés, des erreurs défensives. Ils partent avec des gros regrets, faciles à transformer sur un bouc émissaire avec un peu de passion. Les spectateurs partent eux avec beaucoup de spectacle, et c’est le plus important. Pour être un joli perdant, il faut être perdant. Celui entre les villes de Shkodër et Rrogozhinë, avec la même passion, le confirmera bientôt.

 

 

Ulysse Llamas

 

 

 

Source : So Foot 

 

 

 

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