
Info Migrants – Plus de 550 Sénégalais ont été rapatriés d’Afrique du Nord et du Sahel, à leur demande, entre janvier et avril 2025 d’après le gouvernement sénégalais. Du fait des politiques restrictives et des conditions de vie extrêmement difficiles dans les pays de transit, les migrants décident de plus en plus de rentrer dans leur pays d’origine.
Entre janvier et avril 2025, 591 Sénégalais ont été rapatriés “volontairement” selon les données, révélées le 6 mai, du Bureau d’accueil, d’orientation et de suivi des Sénégalais de l’extérieur et des migrants (BAOS) – qui dépend du ministère sénégalais des Affaires étrangères. La majorité d’entre eux étaient des hommes (506), mais les autorités ont également recensé 51 femmes ainsi que 34 enfants.
Les candidats à l’émigration résidaient illégalement dans des pays de transit situés en Afrique du Nord ou au Sahel. Depuis la Tunisie, le Maroc, le Niger, l’Egypte, l’Algérie, le Tchad, la Mauritanie et la Libye, ils espéraient ensuite pouvoir gagner l’Europe.
Les Sénégalais fuient généralement une vie sans perspective dans leur pays. Comme d’autres États dans le monde, l’inflation, liée notamment à la guerre en Ukraine, a plombé l’économie du Sénégal. Le prix des matières premières s’est envolé. La surpêche menace le secteur de la pêche locale et la raréfaction des poissons s’aggrave avec le changement climatique.
Les candidats embarquent soit clandestinement sur des pirogues en bois dans l’Atlantique pour tenter de rejoindre les Canaries espagnoles, soit s’aventurent par la voie terrestre vers l’Afrique du nord, en espérant traverser la Méditerranée.
Chaque année, des milliers de morts sont recensés, aussi bien sur terre que dans les eaux de l’Atlantique ou de la mer Méditerranée.

D’après le coordinateur national du BAOS, Khadim Bamba Fall, les migrants rapatriés avaient exprimé leur désir de rentrer au Sénégal. Il a également précisé que d’autres démarches sont en cours pour permettre le retour de ressortissants dans des situations similaires.
Les politiques de plus en plus répressives contre les migrants illégaux, la criminalisation des ONG leur venant en aide ainsi que la montée d’un sentiment xénophobe et raciste contribuent à la brutale dégradation de leurs conditions de vie dans les pays de transit. Précarisés, les migrants sont désormais pris pour cibles et victimes d’attaques physiques, notamment en Tunisie.
Dans le même temps, le renforcement des accords de coopération entre les pays de transit et l’Union européenne (UE) a accentué les contrôles des côtes africaines mais aussi européennes, afin de limiter les départs et arrivées d’embarcations.
Déjà 200 Sénégalais rentrés « volontairement » chez eux en octobre 2024
De plus en plus de migrants font désormais le choix du « retour volontaire » vers leur pays d’origine. En octobre 2024, plus de 200 Sénégalais avaient déjà été rapatriés “volontairement” du Maroc dans le cadre d’un accord commun déployé entre les deux pays pour faciliter le « retour volontaire » des migrants irréguliers.
L’an dernier, un nombre record d’exilés en Tunisie étaient retournés chez eux via l’Organisation internationale des migrations (OIM) : 7 250 personnes contre 2 250 en 2023. Des rapatriements « volontaires » encouragés par le président tunisien Kaïs Saïed. « Toutes les organisations » devraient soutenir « davantage les efforts tunisiens visant à faciliter le ‘retour volontaire’ des migrants irréguliers », avait-il déclaré fin mars. Le chef de l’État avait regretté que « seuls 1 544 migrants » aient été rapatriés durant les trois premiers mois de l’année.
Selon les derniers chiffres des autorités tunisiennes, pour le seul mois d’avril 2025, un peu plus de 1 000 Africains subsahariens sont rentrés « volontairement » dans leur pays d’origine. Et ce chiffre devrait continuer à augmenter puisqu’à partir de ce mois de mai, un vol par semaine doit être affrété depuis la Tunisie pour faciliter ces retours « volontaires ».
Pour les ONG, c’est un constat d’échec. Ces Africains n’ont pas eu d’autres choix que de fuir la Tunisie après être devenus les boucs émissaires d’une politique présidentielle devenue virulente à leur égard.
Programme de réintégration des migrants
Afin de limiter de nouveaux départs vers l’Europe, le programme de protection, de retour et de réintégration des migrants en Afrique subsaharienne a été déployé par l’OIM dans 16 pays de la région, dont le Sénégal. Des formations dans plusieurs secteurs, des subventions financières pour développer un projet ainsi que le financement d’équipement sont dispensés aux migrants de retour pour favoriser leur autonomie et réinstallation dans leur pays.
« Nous saluons la collaboration continue avec les autorités nationales et les partenaires techniques et financiers pour créer des solutions de retour et de réintégration alignées sur les réalités locales », a déclaré Mme Aissata Kane, Cheffe de mission de l’OIM au Sénégal.
Source : Info Migrants (France)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com