
La traite transatlantique menée par les Européens, qui ont déporté des Africains vers les Amériques dans le cadre du commerce triangulaire, est bien connue et largement enseignée. En revanche, la traite des Noirs opérée par les Arabes – hier comme aujourd’hui – reste très peu abordée, voire passée sous silence, malgré sa persistance. En effet, dans plusieurs sociétés arabes, des Noirs sont encore victimes de formes d’esclavagisme.
Dans son roman Symbil et le Décret royal, l’ancienne Première Dame du Tchad, Fatimé Raymonne Habré, lève un coin de voile sur la survivance d’un phénomène indigne et inhumain. Invitée récemment à une rencontre littéraire à l’Institut français de Dakar, l’autrice a affirmé que des pays comme le Maroc, la Tunisie, la Libye ou encore l’Arabie Saoudite, parmi d’autres, non seulement ont pratiqué l’esclavage des Noirs, mais s’emploient aujourd’hui encore à invisibiliser, dans leurs sociétés, les descendants de ces anciens esclaves.
L’autrice de Symbil et le Décret royal n’a pas manqué de rappeler les cas récents d’esclavage signalés en Libye ces dernières années. Ce qui la choque profondément, c’est le silence – voire l’indifférence – des Africains, en particulier de leurs dirigeants, face à la survivance de l’esclavage, du racisme et des multiples formes de discrimination qui persistent dans les sociétés arabes.