
Agence de Presse Africaine – Le professeur en littérature orale et civilisations africaines et chercheur, Ibrahima Wane, a alerté, mercredi, sur l’absence d’une politique cohérente de conservation des archives culturelles au Sénégal, notamment sonores.
”Les archives culturelles du Sénégal, créées en 1967 par le compositeur Herbert Pepper à la demande de Léopold Sédar Senghor, ont été progressivement démantelées à partir des années 1990, entraînant la perte d’un grand nombre d’enregistrements et de documents culturels”, a-t-il indiqué.
Il animait une conférence sur le thème : ‘’Musique populaire et histoire politique au Sénégal’’ à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Elle a été précédée de la projection du film documentaire ”Orchestra Baobab, une autre histoire du Sénégal”, réalisé par le cinéaste malien Toumani Sangaré, dans le cadre des 50 ans de l’orchestre.
”Même la RTS, qui possède la mémoire sonore principale du pays, n’est pas équipée pour accueillir du public ni pour assurer la pérennité numérique de ses bandes”, a déploré le chercheur.
Le professeur Wane a relevé que de nombreux trésors musicaux sénégalais sont aujourd’hui consultables uniquement à l’étranger, comme à la Bibliothèque nationale de France ou dans les archives musicales africaines de l’université de Mayence, en Allemagne.
Selon lui, l’absence d’un espace dédié aux archives sonores, d’un département d’archives orales à l’université, ou encore le retard dans la mise en œuvre des projets culturels majeurs hérités de la présidence de Me Abdoulaye Wade, témoignent d’un désintérêt institutionnel inquiétant pour la sauvegarde de la mémoire nationale.
”Aujourd’hui, 90 % des archives du cinéma africain sont détenues par des universités américaines”, a averti Wane président du conseil d’administration du Musée des civilisations noires, appelant à une mobilisation urgente pour sauver ce qui peut encore l’être.
La conférence a permis d’ouvrir un large débat sur la nécessité de relire l’histoire du Sénégal à travers le prisme de sa création artistique, en particulier musicale, en tant qu’outil de cohésion, de transmission et de résistance.
Elle s’est tenue en présence de chercheurs, d’artistes et d’étudiants, dans une ambiance d’échanges intellectuels nourris par les interactions profondes entre musique et société au Sénégal.
Source : Agence de Presse Africaine (APA) – Le 30 avril 2025
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