Donald Trump célèbre ses cent jours à la Maison Blanche devant ses partisans : « Vous n’avez encore rien vu ! »

Le président américain a tenu un meeting, mardi, près de Detroit, dans le Michigan. Dans la salle, ses partisans les plus farouches le soutiennent malgré les incertitudes économiques : « Ça s’appelle la foi. »

Le Monde  – La bulle de Washington est connue et honnie aux Etats-Unis. C’est celle d’une capitale hors sol, composée de politiciens chevronnés, de consultants, de journalistes, pour lesquels la trajectoire politique de Donald Trump restera à jamais opaque. Mais il existe une autre bulle, celle dans laquelle s’enferme aujourd’hui le président américain, alors que l’inquiétude monte sur un possible court-circuit économique.

Dans ce monde parallèle, le début de ce second mandat dessine une félicité incomparable, pour le milliardaire et son pays. Mardi 29 avril, près de Detroit (Michigan), Donald Trump n’a pas eu de mots assez chaleureux pour s’autocongratuler, après « les cent premiers jours les plus réussis de toute administration dans l’histoire de notre pays (…) On débute tout juste, vous n’avez encore rien vu ! »

Prononcé à Warren, dans un comté largement acquis à sa cause, le discours de Donald Trump a davantage ressemblé à une postface de campagne qu’à une allocution solennelle. Il était plein de ses digressions coutumières, de voyages dans le temps, de mensonges flagrants, de méchancetés à l’égard des démocrates. Le président continue de parler de Joe Biden, organisant même une consultation orale du public, pour savoir quel surnom conviendrait le mieux, « Sleepy Joe » ou « Crooked Joe », l’endormi ou le corrompu. « Là où ils sont les meilleurs, c’est pour tricher aux élections », a-t-il lancé au sujet des démocrates. En revanche, le président américain n’a fait aucun effort pédagogique pour donner une cohérence à sa politique douanière, qui rend nerveux les marchés et les Américains.

Une vague de sondages à l’occasion des cent jours révèle une dégradation de la popularité du président, autour de 40 %. Rien de vraiment très alarmant en soi. En revanche, un détail fait mal : sa perte spectaculaire de crédibilité sur ses points forts, en particulier sur l’économie, depuis décembre 2024. Cela s’accompagne d’un pessimisme croissant sur une possible récession. Face à ces études multiples, la Maison Blanche préfère attaquer le thermomètre plutôt que la fièvre. « Ils font des sondages pour lesquels ils interviewent bien plus de démocrates, a prétendu Donald Trump, mardi. Si c’était légitime, on aurait dans les 60 % ou 70 % [de soutien]. » De la même façon que Joe Biden avait nié la gravité du coût de la vie pour les Américains, son successeur choisit d’ignorer leurs inquiétudes.

Un rapport de nature religieuse à la politique

Phénomène très inhabituel : il y avait des travées vides dans la salle du meeting. Le peuple MAGA (« Make America Great Again ») qui s’est déplacé à Warren est celui qui rationalise tout, et qui perçoit de la beauté dans le chaos. Cette base fervente a un rapport métapolitique à Donald Trump, de nature religieuse. Pendant la campagne, elle pensait que le milliardaire faisait don de lui-même, malgré les inculpations judiciaires. A présent, ce serait son tour. La souffrance économique attendue, conçue comme passagère, est admise par tous, puisqu’elle fait partie de l’expérience : la reconfiguration de l’Amérique.

Charles B., 63 ans, est un fidèle de ces meetings. Depuis 2016, il en a écumé une quinzaine. Représentant commercial au sein de la même entreprise depuis trente ans, il admet sa difficulté du moment à vendre ses eaux minérales européennes ou mexicaines. Avec les droits de douane, les prix ont augmenté. Mais pas de raison de s’inquiéter. « Les gens pensaient quoi ? Qu’on allait transformer le pays en une nuit ? Trump a établi en trois mois la base pour la suite. Je sais que les prix ne vont pas rester si hauts. » On s’étonne. Il sourit. « Ça s’appelle la foi. Dieu, je crois en lui, mais je ne l’ai jamais vu. »

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 (Warren [Michigan], envoyé spécial)

 

 

 

Source : Le Monde

 

 

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