
Assignation à résidence levée, réexamen de sa demande d’asile : un répit d’un mois a été accordé à ce jeune Mauritanien qui occupe un poste en contrat à durée indéterminée (CDI) au sein de trois exploitations. Le tribunal administratif de Limoges a ordonné à la préfecture de la Creuse de réexaminer sa demande de régularisation. Un soulagement pour son comité de soutien, parmi lesquels les agriculteurs qui le font travailler.
Le tribunal administratif de Limoges a ordonné à la préfecture de la Creuse de réexaminer la demande de régularisation de Manssour Sow, ouvrier agricole sans papiers résidant en Creuse.
Menacé d’expulsion
Depuis plusieurs semaines, Manssour Sow vit dans l’incertitude, assigné à résidence et sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), avec l’angoisse constante de l’expulsion.
Ce référé est donc un léger soulagement pour ce Mauritanien de 30 ans, mais son parcours soulève des interrogations sur l’application des politiques migratoires en France. « Je n’ai pas le moral et c’est compliqué pour moi en ce moment. Je ne dors pas, je ne mange pas et je suis fatigué”, confiait Manssour Sow avant son audience fixée à 15 heures, visiblement épuisé par une situation qu’il peine à comprendre. Originaire de Mauritanie, il explique que son départ n’était pas motivé par la pauvreté, mais par la nécessité de sauver sa vie. La violence et les menaces en Mauritanie ont contraint cet homme à fuir vers la France, où il exerce le métier d’ouvrier agricole, une vocation qu’il a cultivée depuis son enfance auprès de son père.
« Manssour a beaucoup de courage »
Le salarié s’est rendu à son audience entouré de son comité de soutien. Parmi les dizaines de personnes présentes, Aurélie Lardy, l’une de ses employeuses qui l’héberge avec son compagnon. “On est tous fatigués, très stressés, mais on continue à travailler et Manssour a beaucoup de courage. C’est une façon de garder un peu d’espoir”, témoigne-t-elle.
Aurélie Lardy insiste sur les compétences indéniables de Manssour Sow dans le domaine de l’agriculture, particulièrement son savoir-faire avec les animaux, acquis depuis son plus jeune âge. Ces qualités font de lui un élément précieux pour la communauté agricole locale. Pourtant, la préfecture de la Creuse ne semble pas reconnaître pleinement ses efforts et son intégration.
Faux espoirs
Selon son avocate Me Blandine Marty, la préfecture de la Creuse avait nourri l’espoir d’une régularisation, en laissant entendre qu’une révision de son dossier était possible, à condition qu’il fournisse des contrats de travail et des éléments prouvant son intégration en France. Pourtant, l’administration l’a débouté dans ses deux demandes d’asile en 2022, et 2024.
Son avocate dénonce une “méthode déloyale” de la part de la préfecture. « La préfecture utilise la partie la plus défavorable de la loi immigration pour appliquer une mesure d’éloignement, sans envisager les voies de régularisation possibles », explique un Me Blandine Marty. “Je me demande si Manssour Sow ne paie pas le prix de ses soutiens », poursuit l’avocate.
« Il répond à tous les critères de régularisat »
Pour les défenseurs du travailleur agricole, le cas est simple : il travaille dans un secteur en tension, l’agriculture, qui peine à attirer des travailleurs locaux. “On est ici sur un cas typique d’un ouvrier agricole intégré, qui travaille dans un métier en tension, et on ne comprend pas cette OQTF qui persiste”, indique Manon Meunier, députée LFI de la Haute-Vienne, venue en soutien.
Il travaille, il paye ses impôts en France, et il répond à tous les critères de régularisation, selon la loi. La préfecture devrait reconnaître cela.
Manon Meunier,
Députée LFI de la Haute-Vienne
Selon Catherine Couturier, ancienne députée LFI de la Creuse également présente, cette situation pourrait refléter une volonté politique plus large de durcir les conditions d’obtention d’un titre de séjour : « La préfecture est la représentante d’un gouvernement, notamment des objectifs du ministre Retailleau de ne pas délivrer les titres de séjour alors qu’on est pourtant sur un métier en tension. »
La préfecture de la Creuse dispose d’un mois pour réexaminer le dossier de Manssour Sow. Malgré les difficultés, l’homme conserve le sourire. “Je suis comme ça, je souris tout le temps. Malgré les problèmes, le sourire va rester. Personne ne peut m’enlever ça”.
Contactés, les services de l’État ont fait savoir que « la situation de M. Mansour SOW sera réexaminée avec attention par la préfecture, suivant la réglementation et les circonstances particulières qui s’attachent à ce dossier, et notamment au vu des éléments transmis par ses employeurs et au regard des difficultés avérées à recruter dans ce domaine précis. »
Source : France Info – (Le 22 avril 2025)
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