Mauritanie – Réseaux sociaux, drogue, déperdition scolaire et non-assistance à personne en danger : Une société en perdition

 Le Calame La hausse des délits et crimes à Nouakchott interroge sur le comportement et la réaction de nos concitoyens face aux différents drames qui se jouent dans la capitale. Différentes sources concordent à déplorer leur apathie devant des scènes intolérables où des personnes agressées succombent, vidées de leur sang ou après une longue agonie, sans que nul n’ait accouru pour leur porter secours, ne serait-ce que des premiers soins ou d’un transport vers une structure de santé. Même des proches parents des victimes n’osent porter assistance aux victimes.

De telles tragédies sont fréquemment rapportées, surtout dans les quartiers de banlieue réputés dangereux, particulièrement à la tombée de la nuit dans les zones infestées de dealers et autres délinquants connus de tous les riverains et que personne ne se hasarde à dénoncer.

En certains de ces quartiers, on rencontre même des enfants mineurs munis d’armes blanches, couteaux surtout, qu’ils utilisent pour régler leurs comptes. La nuit, c’est en bandes qu’on peut les croiser dans les ruelles obscures, fumant ou sniffant de la colle. Un état qui peut les amener à agresser les passants pour leur arracher leur téléphone ou sac à main.

Mais pourquoi leurs parents les laissent-ils faire ? Tout simplement parce qu’ils ne s’en préoccupent pas. Non-inscrits à l’école ou vidés de celle-ci, ces enfants découchent pendant des nuits, sans que ni papa ni maman ne s’en soucie, arguant qu’ils n’y peuvent rien mais n’hésitant pourtant pas à mettre la main à la poche ou à faire intervenir des personnes influentes quand leurs garnements sont arrêtés et jetés en prison. Si elles ne parviennent pas les faire libérer, certaines mamans leur apportent des repas et de l’argent même. Manière, inconsciente probablement, de les encourager à persévérer dans le mauvais chemin ? Beaucoup de parents paraissent en tout cas dépassés et stressés face à cette progéniture apparemment incapable d’assurer la relève après leur retraite. En assumer la charge et s’en inquiéter à chaque fois qu’elle sort de leur maison, c’est à peu près tout ce qu’ils croient pouvoir faire…

Témoins angoissés

À la question de savoir pourquoi les témoins d’agressions armées, bagarres et vols ne tentent pas de sauver les victimes, on vous répond que les gens ont peur de se retrouver tracassés s’ils interviennent avant les forces de police et l’arrivée du procureur de la République, auquel cas l’on risque se retrouver accusé d’être mêlé au drame. A la kebba (bidonville) d’El Mina, il y a trois ans de cela, un jeune homme fut ainsi empêché par la foule de porter secours – et donc peut-être sauver – son grand frère agressé au couteau qui baignait dans son sang. « Attends la police, attends la police ! », lui criait l’assistance… et l’hémorragie emporta son frère. Incompréhensible… Et s’il était tout de même parvenu à contourner le barrage des craintifs pour conduire à temps son frangin à l’hôpital, il se serait alors exposé au possible refus de celui-ci, faute de réquisition signée par le procureur.

À Arafat, un jeune enfant connut un sort analogue. Le voyant traîner un couteau aiguisé, sa maman l’avait mis en garde : « ce couteau-là risque de t’emporter un jour ». Et en effet : quelques jours plus tard, le gosse qui avait loué une chambre avec quelques amis, non loin de la maison familiale, mourut d’un coup de couteau, suite à une bagarre avec un de ses amis. Pour une affaire de fille, dit-on. Ses amis n’ont pas osé arracher le couteau ni appeler la police ni alerter les autres locataires…  Ce n’est que le lendemain matin que la mauvaise nouvelle parvint à ses parents.

Dans les grands marchés comme Sebkha et El Mina mais aussi à certains arrêts de bus comme celui de l’Arène de l’Amitié, des gens assistent à des subtilisations de sacs ou portemonnaies sans intervenir ni crier gare, à l’ordinaire, et, si quelqu’un se risque parfois à ameuter le voisinage, aucun ne prend le risque de poursuivre les agresseurs qui agissent souvent en groupe pour se passer facilement les produits volés. Une chasse d’autant plus périlleuse, d’ailleurs, que la dénonciation d’un voleur expose à subir des représailles de la part de ses complices.

Aussi les commerçants de Sebkha et d’El Mina qui les connaissent s’abstiennent-ils de les balancer, se contentant de transmettre un signe discret à leurs collègues pour les mettre en garde lorsque les voyous se présentent. Et que dire de ces rumeurs soupçonnant des policiers de laisser des malfrats qu’ils connaissent pourtant agir impunément dans nos marchés, nos rues et autres espaces publics très fréquentés ? C’est comme si tout le monde avait fini de démissionner devant les bandits qui écument certains de nos quartiers où, la nuit tombée, les parents s’abstiennent même d’envoyer leurs enfants à la boutique, en dépit de la présence des commissariats et des compagnies de police et de gendarmerie…

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Source : Le Calame (Mauritanie)

 

 

 

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