
Malgré la présence constante de la mort, nous sommes nombreux à en ignorer les multiples facettes.
Lorsqu’une personne décède, nous disons tous, sans exception : Paix à son âme. En prononçant cette formule, nous marquons une séparation nette entre l’âme et le corps, lequel perd peu à peu toute identité. Il arrive que l’on dise aussi, dans certaines circonstances : nous attendons le corps.
En un clin d’œil, tout bascule : les noms changent, les fonctions s’éteignent, les statuts s’effacent, les appartenances se dissolvent.
Le corps ne nous appartient plus, il retourne à la terre. L’âme, elle, retourne vers sa source originelle. C’est pourquoi le Prophète Mouhammad (Paix et salut sur lui) reçut l’injonction coranique de répondre à la question Qu’est-ce que le Rouh ? par, dis : le Rouh relève du domaine de mon Seigneur. Ainsi, rien ne nous appartient vraiment. La seule chose qui nous appartient dans cette vie, c’est la conscience de notre propre néant.
Or, pour connaître ce néant et inscrire nos identifiants dans le vide de notre existence, il nous faut mourir avant de mourir une seconde fois. C’est pour cela que la mort a été créée avant la vie : Khalaqal mawta wal hayat….
Les soufis pensent donc qu’il n’y a pas de vie véritable sans une mort préalable (Moutou qabla an tamoutou — mourez avant de mourir). Cette mort intérieure est indispensable pour saisir le sens ésotérique de la formule : Paix à son âme.
Nous pensons que la véritable modestie et l’humilité consistent à reconnaître le tombeau de notre existence, situé dans le cimetière invisible de notre être. Il nous faut mourir ici et maintenant, tout en étant noblement vêtus et accompagnés de nos identités non identifiables.
Certains maîtres soufis estiment que la modestie, l’humilité et la simplicité résident dans l’incarnation sincère de notre état d’être. En cherchant autre chose que cet état, nous nous éloignons de cette première mort.
Enfin, être Mukallaf, au sens philosophique et spirituel du terme, consiste à découvrir, à incarner son être profond et à le dissimuler pour mieux se dissoudre dans la masse.
Alhamdoulillah, Alhamdoulillah, Alhamdoulillah.
@Yoo Alla Faabo !
Abdoul Khader GUISSÉ
Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com