
Le Figaro – Être un amateur de football est-il devenu une condition sine qua non pour accéder à la papauté ? Le ballon rond et siège du catholicisme, « deux universels concurrents » comme le décrit avec justesse le philosophe Thibaut Leplat, font bon ménage au Vatican depuis 1987 et l’élection de Jean Paul II. Surnommé « l’athlète de Dieu », le Polonais fut un honnête gardien de but depuis son enfance à Katowice jusqu’à ses années de séminaristes à Cracovie avant de ranger les crampons. Supporter du KS Cracovie durant ses jeunes années, Karol Józef Wojtyła avait aussi eu sa place réservée à vie au Camp Nou de Barcelone, numéro 108.000, dans une enceinte où il avait donné une messe géante devant 120.000 fidèles en 1982.
Originaire de la Bavière, son successeur Benoît XVI était un suiveur discret du club Munich 1860. Un attachement à rendre jaloux le Bayern Munich qui avait proposé au Saint-Père en 2021 de gonfler les rangs de ses 174.000 membres. L’Allemand, qui avait reçu plusieurs équipes de football au Vatican, avait aussi accordé à Franz Beckenbauer une audience, permettant au « Kaiser » de « retrouver la foi » selon ses propres termes. Mais au cours de son pontificat, le chef de l’Église catholique, qui n’était pas connu pour avoir chaussé les crampons comme Jean Paul II, a surtout vu dans le football «un instrument d’éducation aux valeurs de l’honnêteté de solidarité et de fraternité» davantage qu’un spectacle.
Sa propre carte de socio
Retiré en mai 2013 au monastère Mater Ecclesiae au cœur de la cité pontificale, Benoît XVI n’avait d’ailleurs pas assisté à la finale de la Coupe du monde en 2014 entre l’Allemagne et l’Argentine en compagnie de son successeur François élu en mars 2013. Des rumeurs avaient pourtant laissé entendre que les deux hommes auraient pu être réunis à cette occasion. Le Vatican avait coupé court aux spéculations alors que les réseaux sociaux célébraient avant l’heure « le match des deux papes ». Un porte-parole avait simplement confirmé que le pape « pourrait » effectivement regarder le match. Mais ni l’un ni l’autre n’ont finalement vibré devant le téléviseur même si le Sud-Américain, renonçant à ce petit plaisir par «souci de neutralité» et préférant célébrer « l’importance du dialogue entre les cultures » de Coupe du monde de football a été informé « pas à pas » de l’évolution du score en faveur de la Mannschaft (1-0).
Un crève-cœur probablement car le pape François était un homme passionné par le football et un fidèle supporter du club de San Lorenzo. Le jour de son élection au Saint-Siège, le club des faubourgs de Buenos Aires s’était empressé de diffuser fièrement sur les réseaux sociaux une photo de lui, alors cardinal Bergoglio, brandissant un fanion rouge et bleu des «Matadores», surnom de l’équipe. Les dirigeants avaient aussi mis en ligne une copie de la carte de socio n° 88.235 de l’Argentin posant tout sourire en col romain.
Source : Le Figaro
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