Un malien condamné à la peine capitale en Mauritanie pour sorcellerie extradé vers son pays

 SaharamediasL’extradition par le gouvernement mauritanien d’un ressortissant malien, condamnée à mort après avoir été reconnu coupable du meurtre d’un guide touristique à Nouadhibou en 2010, a suscité une vive controverse dans les milieux mauritaniens et les appels à l’annulation de cette décision se sont multipliés.

Jeudi, le ministère malien de la justice a annoncé que le citoyen malien Yaya Cissé avait été remis aux autorités de son pays par celles de la Mauritanie 15 ans après sa condamnation.

Le ministère a expliqué que l’extradition s’inscrivait dans le cadre de l’accord général de coopération judiciaire entre la Mauritanie et le Mali, et à la demande du gouvernement malien.

Le ministère a noté que Cissé avait été transféré dans une prison à l’intérieur du Mali pour y purger le reste de sa peine exprimant ses remerciements aux autorités mauritaniennes pour leur « coopération constructive » et a salué les efforts des organisations maliennes à l’étranger, des organismes de défense des droits de l’homme et des citoyens qui ont suivi et soutenu le cas de Cissé.

Ce développement rappelle l’assassinat du guide touristique Ahmed Ould Aman en juillet 2010, décrit à l’époque comme l’un des crimes les plus odieux du pays et qui a secoué l’opinion publique mauritanienne.

Sorcellerie

Le 26 juillet de la même année, les habitants de Nouadhibou se sont réveillés avec la tragédie de trouver la tête et les membres de Ould Aman coupés et jetés dans différents endroits de la ville, tandis que le reste de son corps a été retrouvé plus de dix jours plus tard près de la voie ferrée.

La famille de la victime a rejeté la responsabilité du crime sur une Malienne et quatre membres de sa famille, invoquant des différends antérieurs concernant le loyer de la maison.

Le procureur de Nouadhibou, Ahmed Ould Eslamou, a déclaré à Sahara Media à l’époque que le crime était motivé par « la sorcellerie et l’utilisation d’organes humains », niant qu’il s’agissait d’une vengeance ou d’un règlement de comptes.

Le 23 décembre 2012, la Cour d’appel de Nouadhibou a condamné trois accusés à la peine de mort : Mbi Diarra, Daouda Diakhté Jacquetti et Yaya Cissé, après avoir été reconnus coupables du crime.

Elle a également condamné Djaka Adam à trois ans de prison et à une amende après avoir été reconnu coupable d’avoir dispatché des parties du corps de la victime dans différents endroits de la ville.

Un parlementaire solidaire

Quinze ans plus tard, les autorités mauritaniennes ont remis Yaya Cissé au gouvernement malien, ce qui a suscité une grande colère, surtout après que le député de l’opposition Khali Diallo ait annoncé sa solidarité avec Cissé.

Dans un billet publié sur sa page officielle, Diallo a déclaré que le transfert de Cissé dans son pays « représente le fruit d’une lutte que nous avons menée avec sincérité », exprimant ses remerciements à tous ceux qui ont soutenu la cause et appuyé Cissé, qu’il a qualifié d’« injustement emprisonné » souhaitant à sa famille une vie paisible aux côtés de son père qui a retrouvé la liberté.

Ce message a suscité l’indignation générale sur les réseaux sociaux et les activistes ont estimé qu’il s’agissait d’une « chute impardonnable » de la part d’un législateur qui se considère comme un représentant du peuple.

Pour tenter de clarifier sa position, Diallo a publié un second message dans lequel il affirme que le cas de Cissé est le résultat d’une « erreur judiciaire évidente », citant de nombreux témoignages, dont celui d’un ancien député de la ville de Rosso, qui confirment que Cissé se trouvait au Mali au moment du crime.

Diallo a ajouté qu’il a suivi le dossier de près pendant plus de dix ans et qu’il est resté convaincu de l’innocence de Cissé malgré le jugement prononcé à son encontre.

Il a indiqué qu’il a discuté de l’affaire directement avec le ministre de la justice et qu’il a conclu que l’extradition de Cissé était la seule solution possible étant donné que l’erreur ne pouvait pas être officiellement corrigée.

Le député a réaffirmé que son engagement dans la lutte contre l’injustice découle d’une conviction morale et spirituelle qui ne connaît pas de frontières et ne fait pas de discrimination entre les nationalités, les couleurs ou les origines ».

« Je continuerai à défendre la vérité face à l’injustice et à la calomnie », a-t-il conclu.

 

 

 

 

Source : Saharamedias (Mauritanie) – Le 19 avril 2025

 

 

 

 

 

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