La France reconnaît le nouveau passeport de l’Alliance des Etats du Sahel

Malgré les relations dégradées entre Paris et les juntes sahéliennes, le document de voyage malien estampillé AES est fabriqué par une entreprise française, Idemia.

Le Monde – C’est un nouveau pas vers la normalisation de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Moins de deux ans après la création de cette nouvelle organisation sous-régionale par les juntes souverainistes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, les citoyens maliens vont pouvoir voyager en Europe avec un passeport floqué AES.

Sur le document de voyage figure le nouveau drapeau de la Confédération, adopté le 22 février, avec un baobab, un soleil et trois étoiles, ainsi que son slogan : « Un espace, un peuple, un destin. » Ils vont remplacer peu à peu les passeports estampillés Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), une organisation que les trois dirigeants de ces pays sahéliens, qui ont commis des coups d’Etat entre 2020 et 2023, ont quitté avec fracas.

Début avril, ces documents ont été reconnus par la France, affirme au Monde Afrique des sources diplomatiques françaises, confirmant une information du magazine Jeune Afrique. Une procédure qui a pris plusieurs mois. Ces nouveaux passeports avaient été officiellement mis en circulation le 29 janvier.

Comme les anciens passeports maliens, les documents de voyage de cette confédération, qui revendique son souverainisme et sa rupture vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale française, restent produits sur un site sécurisé au sein de l’Union européenne, par la société française Idemia.

Diminution drastique de l’octroi de visas

« Les autorités maliennes nous ont demandé fin 2024 de faire évoluer le design de leur passeport pour prendre en compte de nouveaux éléments graphiques au nom de l’AES », confirme l’entreprise tricolore. Celle-ci a signé en 2015 un contrat de dix ans avec l’Etat malien, alors dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta.

Auparavant, les passeports maliens étaient « peu fiables, facilement falsifiables et leur délivrance était longue, complexe et coûteuse », souligne Idemia. Le contrat n’a jamais été dénoncé, malgré les changements de régime et les fortes tensions entre les nouvelles autorités maliennes et l’entreprise spécialisée en biométrie qui revendique collaborer avec des « centaines de gouvernements » à travers le monde depuis son siège de Courbevoie (Hauts-de-Seine).

En 2023, la junte malienne avait accusé Idemia de « prendre en otage » des données d’état civil des Maliens qu’elle avait collecté et avait ainsi justifié son incapacité à organiser une élection présidentielle – qu’elle n’a toujours pas tenue quatre ans après avoir commis un coup d’Etat. L’entreprise française avait alors démenti et assuré que « le ministère malien de l’administration territoriale a toujours joui de l’usage du système et de ses données ».

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Source : Le Monde

 

 

 

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